Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

LA FONDATION LOUIS VUITTON À PARIS DIFFUSE LES VOIX DE TROIS GÉNÉRATIONS D’ARTISTES CHINOIS. UN ÉVÉNEMENT.

Bentu

FONDATION LOUIS VUITTON, 8 AVENUE DU MAHATMA GANDHI, À 75116 PARIS. DU 27/01 AU 02/05.

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Pour dessiner les contours de la scène artistique d’un pays qui a grandi trop vite, la Fondation Louis Vuitton programme un événement en forme de triptyque. Le premier mouvement, sans doute le plus convenu, fait place à un choix d’oeuvres chinoises issues de la collection. Partie la plus étoffée de l’événement, cette sélection sera exposée jusqu’au 5 septembre. S’il ne s’agit pas du pan le plus excitant du projet, on ne boudera pas pour autant son plaisir de fréquenter de grosses pointures comme Zhang Huan ou Ai Weiwei. Du premier, ce sera l’occasion de revoir le fameux Long Island Buddha. Cette sculpture monumentale, une tête de bouddha en cuivre appuyée sur sa joue droite, se nourrit d’inspirations à la fois orientales et occidentales. Jugée magnétique par beaucoup, elle possède une indéniable dimension méditative. Du second, dont la réputation ne cesse de croître, on ne pourra que s’incliner devant Tree, oeuvre emblématique qui figure un arbre sans feuilles composé de morceaux de bois qu’Ai s’est procurés sur différents marchés du sud du pays. L’idée? Comme souvent chez ce géant de l’art contemporain chinois, proposer une réparation anthroposophique, puisque l’intervention consiste à imaginer ce que cet arbre serait devenu si la main de l’homme ou la nature elle-même, devenue folle, n’avaient pas inter- rompu son développement. D’autres figures incontournables de la scène artistique chinoise seront également présentes: Zhang Xiaogang et ses portraits simplifiés de familles chinoises en noir et blanc, Cao Fei et son escapisme multimédia, ou encore Yan Pei-Ming qui s’est fait connaître en peignant les grands de ce monde. La seconde partie de cet accrochage, consacrée à la nouvelle vague chinoise, intéressera moins le visiteur belge puisqu’elle est constituée d’événements pluridisciplinaires -musique, cinéma, performances et poésie- ponctuels. Elle est également programmée jusqu’au 5 septembre.

Peu montrés

En revanche, la troisième et dernière partie de cet hommage à la création made in China mérite toute l’attention. Baptisé Bentu et sous-titré Des artistes chinois dans la turbulence des mutations, ce volet, qui court jusqu’au 2 mai, lève le voile sur le travail de plasticiens peu montrés jusqu’ici. Ceux-ci ont été dénichés à Shanghai ou Beijing avec le concours de l’Ullens Center for Contemporary Art, du nom de cette structure culturelle fondée dans la capitale chinoise par le collectionneur belge Guy Ullens. L’exposition réunit douze artistes, de différentes générations, qui ont en commun de vivre en Chine continentale mais qui se distinguent par un large éventail de techniques utilisées, issues aussi bien de la tradition que des technologies les plus pointues. Parmi les personnalités les plus remarquables, on pointe Liu Wei dont l’oeuvre variée, depuis ses installations sophistiquées jusqu’aux toiles abstraites, est marquée par la satire et le conceptualisme. Tout aussi marquantes, les toiles néoréalistes de Liu Xiaodong témoignent d’un univers directement dérivé de l’imagerie soviétique et faussement anodin, subtilement travaillé par les questions sociales et environnementales. En cela, il appartient pleinement à cette nouvelle scène artistique à la fois coupée de son passé et anxieuse quant à l’avenir. Une angoisse fondatrice.

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MICHEL VERLINDEN

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