Nous venons en amis

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Après Le Cauchemar de Darwin qui s’intéressait, en Tanzanie, au commerce d’un poisson vorace (La perche du Nil) et à ses liens avec le trafic d’armes, c’est à nouveau en Afrique qu’Hubert Sauper est parti tourner son nouveau documentaire, plus précisément au Soudan. Le plus grand pays du continent s’est scindé en deux entités il y a sept ans. La République du Soudan, dans le nord, pays islamique dirigé par un politicien sous le coup d’un mandat d’arrêt international, Omar Al-Bashir, et le Soudan du sud, emmené par le chrétien Salva Kiir. Sauper dit avoir vu ce paysage post colonial comme une comédie noire avec ses clowns, ses bouffons (« dont moi,  » précise-t-il) et ses héros… Avec Nous Venons en amis, il signe un documentaire morcelé et pas toujours évident à suivre, imbriquant des scènes dont on ne comprend pas nécessairement les tenants et les aboutissants. Il enquille cependant les situations interpellantes, qu’elles fassent sourire ou pleurer. Le regard de Sauper est acide et à juste titre culpabilisateur. Épicentre du conflit pétrolier entre les États-Unis et la Chine, le Soudan du sud a perdu ses repères. Avant, les villageois y cultivaient la terre pour se nourrir. Aujourd’hui, même l’eau n’y est plus potable, polluée qu’elle est par le pétrole. « Si les enfants et les poules en boivent, ils meurent, «  dit un vieil homme. Nous venons en amis appuie lourdement sur les changements qu’ont imposés Européens et Américains à ces populations locales. La haine et la rancoeur qu’ils leur inspirent. On croise des missionnaires qui s’indignent de la nudité, veulent habiller les enfants et faire de la région un mini Texas. Un démineur servi par trois femmes de ménage et deux vigiles. Puis l’ambassadeur américain qui se félicite d’amener l’eau et l’électricité à des populations démunies mais dans une des régions les plus riches en or du pays. Des images tantôt splendides, tantôt terriblement dures. Des corps qui tombent tandis que d’autres dorent au bord d’une piscine. Saisissant.

Documentaire d’Hubert Sauper.

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