Nous étions les ennemis

Un des grands intérêts de l’Histoire est de comprendre le passé pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Visiblement, les dirigeants d’une des plus grandes puissances mondiales ne l’ont pas compris. En 1941, lorsque les États-Unis sont entrés en guerre contre le Japon, plusieurs lois liberticides ont été votées contre des Américains d’origine japonaise. Comme quoi le délit de faciès ne date pas d’hier. Ils ont été enfermés dans des camps après s’être fait spolier leurs biens par l’État. Ils ont vécu jusqu’à la fin du conflit parqués comme des bestiaux, entassés dans des baraquements insalubres, une pièce, parfois deux, par famille. George Takei avait quatre ans lorsque l’armée américaine est venue frapper à la porte de la maison familiale dans un quartier tranquille de l’est de Los Angeles. Les larmes de sa mère sont encore gravées dans sa mémoire. Lui, son plus jeune frère et sa soeur cadette ne se rendaient pas vraiment compte de ce qui se passait. Ils ont vécu cet événement plutôt comme une grande aventure. C’est plus tard, adolescent fougueux, que Takei a pris conscience de l’injustice faite à sa communauté, en discutant avec son père le soir après le repas. Maigre reconnaissance, c’est en endossant le rôle du Docteur Sulu dans la série humaniste des Star Trek, qu’il a pu représenter devant des millions de téléspectateurs,  » l’héritage asiatique avec honneur« . Cette notoriété lui a permis d’aborder plus tard des problèmes de société, comme le droit des LGBT ou de soutenir Bernie Sanders. D’une facture hyper classique, Nous étions les ennemis ne brille pas par son graphisme. Cela n’empêche nullement ce témoignage poignant de faire prendre conscience de la répétition de l’Histoire et de l’amnésie des puissants lorsqu’il s’agit de faire passer leurs intérêts personnels avant ceux de la population.

Nous étions les ennemis

De George Takei et Harmony Becker, éditions Futuropolis, 208 pages.

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