Negalyod

On ne mesure l’aura véritable d’un créateur qu’à sa mort. C’est le cas de l’immense Moebius, qui continue outre-tombe d’influencer des auteurs dans le domaine de la science-fiction. Vincent Perriot, à qui on n’aurait probablement pas pensé de prime abord dans le domaine, se fait plaisir avec Negalyod, un hommage assumé au maître. Il imagine un monde post-apocalyptique dans lequel Jarri, un berger, mène son troupeau de dinosaures à travers le désert vers le grand marché aux bestiaux. Il y parviendra, mais seul: son cheptel sera décimé par l’explosion d’un camion météo. Bien décidé à demander réparation, il part pour la grande ville trouver le responsable. Il n’y a jamais mis les pieds, il n’en connaît pas les codes et s’acoquine dès son arrivée avec un gourou qui prône la révolution contre les nantis de la ville haute, ceux-ci ayant le contrôle de l’eau. La candeur de Jarri fait de lui un leader dans la lutte pour l’or bleu qui va éclater et s’étendre à tout le désert. Vincent Perriot a décidé de travailler seul sur ce projet. Peuplé de personnages sans beaucoup d’épaisseur, son récit ne tient malheureusement pas tout à fait la route, comme s’il n’avait pas travaillé sur base d’un scénario préétabli. Graphiquement, il se pose là (allez faire un tour sur son blog). Mais son trait unique et pêchu, ses cadrages et son impressionnant sens du mouvement des débuts se diluent dans l’hommage peut-être trop appuyé au Major Fatal ou à Blueberry. Reste malgré tout de très beaux panoramas de villes et de déserts magnifiquement mis en couleurs par Florence Breton, coloriste entre autres de… L’Incal et du Monde d’Edena. Puisse-t-il après cette parenthèse nous refaire tourner la tête avec un travail plus personnel.

Negalyod

De Vincent Perriot, ÉDITIONS Casterman, 208 pages.

5

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content