Monstres et Cie

L'Homme aux mille visages

L’éditeur français Elephant Films poursuit son précieux travail d’exhumation de vieux films d’épouvante produits par la Universal en DVD/Blu-ray.

La nouvelle fournée de titres proposés dans la collection Cinéma MasterClass par l’incontournable éditeur Elephant Films met cette fois en lumière d’anciens longs métrages moins connus ou quelque peu oubliés de la Universal. En 1934, Le Chat noir orchestre pourtant la confrontation entre deux stars absolues du cinéma d’épouvante hérité de l’expressionisme allemand: Boris Karloff et Bela Lugosi. Rendu immensément célèbre par le Frankenstein de James Whale, le premier est un comédien tout en physicalité. Tandis que le second, mémorable en Dracula chez Tod Browning, investit davantage une dimension mentale du jeu d’acteur. Ensemble, ils incarnent les deux faces d’une même monstruosité. Film hanté par le spectre de la Première Guerre mondiale, Le Chat noir tourne le dos à l’esthétique gothique classique pour tendre vers quelque chose de plus moderne, mais aussi de plus sulfureux, son histoire de culte sataniste lointainement inspirée d’Edgar Allan Poe évoluant dans un climat de nécrophilie latente. Trop dépendant de la prestation de ses vedettes, l’ensemble multiplie hélas les situations confuses, voire les incohérences, à la limite parfois du grand-guignol.

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Si Lugosi est à nouveau au casting de Night Monster, réalisé en 1942 par Ford Beebe, c’est toutefois dans un rôle quasiment de figuration qu’on le retrouve. One-shot à tout petit budget produit par la Universal durant la période de décadence des longs métrages d’épouvante et diffusé à l’époque en simple complément de programme, le film prend place dans un manoir où les invités sont mystérieusement tués les uns après les autres. Intriguant d’entrée de jeu, constamment efficace, Night Monster est un très habile petit film fantastique déguisé en whodunit classique, et rehaussé d’une belle photographie expressionniste tout en ombres et lumière.

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Neuf ans plus tard, les monstres fantastiques laissent place à ceux de chair et de sang dans Le Château de la terreur, pur drame gothique librement adapté d’une nouvelle de Robert Louis Stevenson où Charles Laughton, futur réalisateur de La Nuit du chasseur, vole la vedette à Karloff. Récit de vengeance assez daté dans ses enjeux, le résultat manque de souffle, voire de perversité.

L’Homme aux mille visages (1957), enfin, rend hommage à la trajectoire tourmentée de Lon Chaney ( L’Île au trésor, Notre-Dame de Paris, Le Fantôme de l’opéra), grand acteur pré-cinéma parlant né de parents sourds-muets et passé maître dans l’art de la pantomime. Surtout connu pour ses rôles de gangster, James Cagney ne ressemble pas du tout à Chaney dans le rôle-titre. Il fait pourtant des étincelles dans ce bon mélo d’époque qui évite le piège hagiographique en préservant intelligemment plusieurs zones d’ombre, tout en égrenant les moments phares d’une filmographie où le monstre, le reclus, le difforme, renvoient toujours quelque part à la propre histoire de Chaney.

Monstres et Cie

Le Chat noir – FILM D’Épouvante D’Edgar G. Ulmer. 1934. 1 h 05. Ed: Elephant Films.

6

Night Monster – FILM D’Épouvante De Ford Beebe. 1942. 1 h 12. Ed: Elephant Films.

8

Le Château de la terreur – FILM D’Épouvante De Joseph Pevney. 1951. 1 h 21. Ed: Elephant Films.

6

L’Homme aux mille visages – FILM D’Épouvante De Joseph Pevney. 1957. 2 h 02. Ed: Elephant Films.

7

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