S’IL A SU SE CONSTRUIRE UN PARCOURS DE ROMANCIER, L’AUTEUR/COORDINATEUR DU NOUVEAU DICTIONNAIRE DU ROCK NE S’EST JAMAIS ÉLOIGNÉ LONGTEMPS DE SES PREMIÈRES AMOURS.

A quelques années près, il a l’âge du rock. Né en 1958, Michka Assayas est en quelque sorte tombé dedans quand il était petit, via la radio notamment. « On achetait aussi pas mal de disques. Je me souviens du Rubber Soul des Beatles. Mon frère avait demandé à la femme de ménage qui venait chez nous de l’acheter au Prisunic. » Le grand frère en question, c’est Olivier Assayas, son aîné de trois ans. Leurs parents se nomment Raymond Assayas, alias Jacques Rémy, scénariste d’origine turque, et Catherine de Karolyi, une styliste hongroise (qui a notamment créé la première collection de prêt-à-porter pour femmes d’Hermès en 1967). Olivier est devenu un réalisateur respecté (Après mai). Il passerait volontiers pour une version anguleuse et agitée de son cadet. « Mon frère me fascinait parce qu’il savait ce qu’il voulait faire: dessiner, peindre, puis faire des films… De mon côté, j’étais très peu sûr de moi, je n’avais pas d’ambition particulière. »

A 20 ans, Michka Assayas prépare donc le concours de l’Ecole normale supérieure. « Je n’avais pas trop d’idée de ce que je voulais devenir. Mais avec le salaire de normalien, je me disais que j’allais pouvoir chercher, tenter des choses. Et si ça ne marchait pas, me rabattre sur le métier de prof. » Il écrit donc des petites chroniques, que son frère file à un ami qui travaille au Monde de la musique. C’est le début de sa carrière de critique rock. Il y aura Libé, Rock & Folk, les Inrocks, Actuel… Son livre d’entretien avec Bono -un ami- est l’un de ses plus beaux « coups ». L’autre étant ce fameux Dictionnaire du rock. Le journaliste a bien sûr connu des passages plus compliqués. « Quand j’ai commencé vers 20-25 ans, c’était une époque où il n’y avait pas de formatage. On écrivait un peu ce qui nous passait par la tête. C’était une période bénie. Pendant les années 80, pas mal de choses ont cependant changé. Pas toujours pour le mieux: le Top 50, le look, les clips… Puis, Michael Jackson, Madonna, tout ça… Sans porter de jugement esthétique, c’était des disques sur lesquels je n’avais rien à dire. D’autres le faisaient bien mieux que moi. » Du coup, le doute s’installe. Et si la plume rock était à sec? « Un moment j’ai même cru que la passion pour la musique m’avait quitté. Je voulais écrire des livres, des romans… Puis je me disais bien que rock critic n’était pas vraiment un métier, qu’il fallait faire quelque chose qui dure, laisser une trace. »

Michka Assayas devient donc écrivain, et publie plusieurs romans. On n’abandonne cependant jamais tout à fait ses premières amours. Régulièrement, la flamme musicale est ravivée: Nirvana au début des années 90, Radiohead, les White Stripes… « J’ai toujours attendu de la musique une espèce de décharge d’énergie. Une interpellation sur moi-même, sur le monde. Je cherchais des disques pour comprendre ce qui se passait autour de moi. Alors oui, parfois, le désir s’émousse. Mais toujours, alors que vous n’en attendez plus rien, la musique vous reprend en traître, comme l’amour. »

L.H.

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