HOME AGAIN. DEUX TRENTENAIRES EN PLEINE PHASE RÉGRESSIVE SE LANCENT SUR LA ROUTE LE COEUR GONFLÉ D’ESPOIRS F(L)OUS DANS UN ROAD-MOVIE STATIONNAIRE SIGNÉ FRANÇOIS PIROT.

DE FRANÇOIS PIROT. AVEC ARTHUR DUPONT, GUILLAUME GOUIX, JEAN-PAUL BONNAIRE. 1 H 35. DIST: TWIN PICS.

En bonus, au bref making of de rigueur (préparatifs, répétitions, coulisses du tournage, interviews du réalisateur et des acteurs…) s’ajoute Retraite, un court métrage qu’à défaut d’autre chose on qualifiera d’éclairant, réalisé par François Pirot en 2005. Il y est déjà question de retour au pays, de relations parents-enfants tendues et mâtinées d’incompréhension mutuelle, d’incertitudes liées à l’avenir, de questionnements adulescents et même d’un mobile home.

Sept ans plus tard, Mobile Home, le film, en apparaît fort logiquement comme le prolongement direct. Soit l’histoire de Julien (Guillaume Gouix, convaincant) et Simon (Arthur Dupont, vague ersatz de Romain Duris adepte du surjeu), deux amis de longue date de retour à la case départ -leur Ardenne belge natale- et qui nourrissent bientôt le projet de renouer avec un vieux rêve de gosses: partir sur la route. Très vite, pourtant, la réalité se révélera légèrement moins glamour que leurs aspirations, pétries d’esprit d’aventure et de liberté. Quelques ennuis techniques plus loin, le vaste éventail des possibles offert par l’existence a des allures de vaine chimère, en effet, le road-movie annoncé se muant lui-même en (tragi-)comédie désespérément stationnaire.

Comme Matthieu Donck avec son improbable Torpedo, autre récent road-movie à la belge, François Pirot part ainsi sur des bases humoristiques relativement modestes avant de négocier, dans le dernier tiers de Mobile Home, un virage plus sérieux vers l’émotion vraie, voire le drame aux accents générationnels. Semi-moqués durant la majorité du film, les personnages, tandem d’adolescents attardés à la gaucherie peu engageante, devraient ainsi soudainement nous toucher, nous attendrir, en roulant des yeux doux. En somme, le jeune réalisateur belge, dont l’apparente humilité de la démarche cache assez mal la trop grande ambition, voudrait le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière ardennaise. On aurait largement préféré qu’il se contente d’ajuster les ressorts quelque peu fatigués de son comique de situation.

Pour autant, ce Mobile Home guetté par le surplace ne manque pas tout à fait d’arguments, qu’ils soient d’ordre purement musical -mention très bien à une bande-son des grands espaces piochant aussi bien chez les chamans arizoniens de Calexico que du côté des trop rares Liégeois de Coyote- ou qu’ils relèvent d’une attachante galerie de personnages secondaires -formidable Jackie Berroyer en paternel scandalisé par la bof attitude et la nonchalance crasse de la génération Y.

NICOLAS CLÉMENT

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