La vie commence parfois à 40 ans. Ainsi de Josh Brolin dont la carrière s’est envolée après deux décennies d’un parcours respectable mais discret, lorsqu’on le découvrit, fin 2007, à l’affiche de No Country for Old Men, des frères Coen. La suite allait ressembler à une voie royale, qui le vit collaborer avec Oliver Stone (W. , Wall Street: Money Never Sleeps), Gus Van Sant (Milk) ou autre Woody Allen (You Will Meet a Tall Dark Stranger), retrouvant encore les Coen le temps de True Grit, non sans réussir à s’inviter dans une franchise aussi populaire que Men in Black, avant de récidiver dans Guardians of the Galaxy. De quoi vous poser un acteur, et celui que l’on retrouve à Cannes, où il accompagne Sicario, de Denis Villeneuve, est un mélange explosif d’humour ravageur et d’autorité naturelle…

Le courage d’un cinéaste

La réalité dépeinte dans Sicario, Josh Brolin explique qu’elle ne lui étaitpas totalement étrangère, le comédien connaissant bien la frontière, et le climat dans lequel elle baigne: « Plus jeune, j’ai beaucoup traîné dans les villes frontalières, pose-t-il. C’était alors la chose à faire: on passait la frontière et on allait dans des bars où on pouvait boire des bières bon marché, pour picoler avant de rentrer en Arizona ou au Texas. Et puis, on a vu les choses changer au cours des dix dernières années. J’étais censé tourner, il y a un petit temps déjà, un film intitulé Cartel, et j’ai entamé des recherches, rencontrant des gars guère fréquentables qui m’ont montré beaucoup de choses choquantes. Quand le film de Denis Villeneuve s’est présenté, j’en connaissais déjà un bout sur la question… »

Brolin y est rien moins qu’impressionnant sous les traits de Matt Graver, individu manipulateur à la tête d’une petite unité américaine chargée d’une opération clandestine contre un seigneur mexicain de la drogue; un individu à l’excentricité calculée, tongs et rictus semblant n’avoir d’autre objet que de rappeler que la fin justifie les moyens. C’est d’une guerre qu’il s’agit, en effet, mise en scène avec maestria par Villeneuve: « On aurait rapidement pu verser dans la masturbation visuelle, opine l’acteur, avec un montage effréné, type film d’action charriant violence et clichés. Mais l’action est contenue, vous laissant le temps de l’évaluer. Je trouve cela courageux de la part d’un cinéaste. » Une question de perspective, celle adoptée par le réalisateur québécois étant rien moins que soufflante, pour un film venu ponctuer en beauté une année faste où l’on a encore pu apprécier Brolin dans Inherent Vice, de Paul Thomas Anderson, et Everest, de Baltasar Kormakur, en attendant ses retrouvailles avec les Coen pour Hail, Caesar! Ce qui s’appelle garder le cap: « N’y voyez aucune arrogance, mais j’en avais assez d’entendre des gens me dire: Vous étiez très bien, mais le film, par contre, n’était pas terrible. Ce n’est pas pour cela qu’on fait ce job. » Stratégie payante…

J.F. PL.

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