Le second Micky est toujours Green. Même que l’Australienne de Paris amplifie ses tours de magie hip pop en chansons souples et charnues.

On lui fait remarquer qu’avec un titre pareil, les journalistes seront tentés par le jeu de mot fainéant: Honky Tonk Woman. Elle connaît le classique des Stones bien sûr mais c’est plus par goût rythmique qu’elle a ainsi baptisé son second album:  » Cela n’a pas la couleur de l’expression américaine où un honky tonk est un bar à musique, typique du sud. Pour moi, Honky Tonk, cela veut dire « Allons-y », « Let’s Go ». » Michaela Gerhmann a un très léger cheveu sur la langue et une blondeur délavée de bébé Barbie. Ou de surfeuse pour l’instant échouée dans l’écume chic d’un hôtel bruxellois décoré en Maison Idéale. Perchée sur des bottillons qui prolongent son 1m75, elle évoque très exactement ce qu’elle est: une jeune femme de 25 ans lestée du succès inattendu d’un premier album vendu à plus de 180 000 exemplaires. White T-Shirt, sorti en août 2007, va mettre pratiquement 2 ans à grimper dans les charts français – et, d’une moindre façon, belges et suisses – et franchir l’immense chemin qui va  » de Radio Nova à NRJ ». Pas évident d’imposer ces proses légères où la rythmique est plus régulièrement assumée par des claquements de doigts que par une section bombastique. Mais Micky a plusieurs atouts de son côté: le talent du producteur Renaud Letang (Manu Chao, Gonzales, Abd Al Malik, Feist) et la force de frappe de Polydor, l’un des labels d’Universal, qui va la soutenir le temps nécessaire. Quand Oh! devient un véritable tube radio, Micky s’envole dans les nuits de Paris.

Rien n’était pourtant aussi improbable pour la fille d’une famille conservatrice de la banlieue de Sydney: « Ma mère est croyante et très sévère, je passais mes journées, seule, dans ma chambre et j’allais aussi à l’Eglise. » On ne peut s’empêcher de remarquer la petite croix en argent qui pend au cou de la chanteuse.  » C’est bien de croire en quelque chose, même si cela n’a pas empêché mes parents et mes grands-parents de divorcer. » Celle qui commence par apprendre la batterie dans l’orchestre de l’église locale développe, peu à peu,  » ses propres idées ». N’ayant pas d’instrument, elle improvise ses percussions, minimalistes, et grandit au son des chansons gluantes de Stevie Nicks (maman), Marvin Gaye (papa) et… Roxette (elle-même). Son physique ensoleillé lui offre une carrière de modèle: à Sydney, Hambourg et, finalement, Paris où elle réside depuis 2003. Une rencontre l’amènera à présenter ses maquettes et construire une véritable carrière musicale. Son Honky Tonk est une jolie affaire en 13 titres: la simplicité des débuts discographiques n’a pas déserté mais, toujours orchestrée par Letang, elle s’habille de nouveaux instruments voguant sur des mélodies généreuses. Et toujours cette façon chaude de mélanger les voix dans des canaux multiples, entre pop et hip hop. Le résultat a une sinuosité faite pour la radio ( My Mind, Aim Low) et les trajets en voiture. Une légèreté bubblegum qui n’empêche pas le quota de densité nécessaire ( Scaredy Cat), voire de sensualité immédiate ( Ready Already). Cela n’a l’air de rien mais c’est (bien) plus que la moyenne des sorties actuelles…

CD Honky Tonk chez Universal.

Ph.C.

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