Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Roi mage – Sur fond de polémique, un premier album posthume pour Michael Jackson. Histoire de maintenir le mythe en vie, à défaut de lui redonner véritablement de l’éclat.

« Michael »

Distribué par Sony.

Cela n’aura pas traîné. Un an et demi après sa mort, voici que paraît le premier album posthume de Michael Jackson. Soit 40 minutes, 10 nouveaux titres, pour combler la fringale des fans et consacrer un peu plus son statut de King of pop (la pochette voit la star couronnée par un duo d’anges…). Tout le monde n’est évidemment pas d’accord avec la démarche. Will.I.Am (Black Eyed Peas), l’un des derniers à avoir travaillé avec Jackson, a tenu à rappeler que le perfectionnisme maladif de ce dernier n’aurait jamais permis que sorte un matériel inabouti. Imaginer cependant que la discographie du disparu allait s’arrêter à Invincible, sorti en 2001, tenait de la plus pure illusion. Demandez aux ayants droit de Jimi Hendrix…

Un fake?

Le disque débute avec Hold My Hand, 1er single en duo avec Akon, à ranger dans le rayon mièvrerie de la star. A la production, dès que possible, on s’est lâché sur le bouton gimmick ( yeah! wouh!), peut-être parce qu’on n’avait pas grand-chose d’autre à se mettre sous la dent pour cette honnête ballade. Plus loin, (I Like) The Way You Love Me débute par le court extrait d’une conversation téléphonique (?) au cours de laquelle Jackson donne ses consignes pour le morceau. Et on se dit qu’on aurait bien écouté la suite de ses explications plutôt que le morceau lui-même… Sur le papier, le duo qui suit, avec le rappeur 50 Cent, aurait pu paraître incongru. Et Monster l’est en partie. Mais il est aussi l’un des titres les plus efficaces. Plus étrange encore, Behind The Mask est une « relecture » d’un titre du Yellow Magic Orchestra, qui démarre avec une rythmique sèche à la In The Closet (sur Dangerous, 1991), avant de dériver vers un beat plus disco et un solo de saxo eighties. Quant au morceau rock obligatoire, c’est Lenny Kravitz qui se charge de booster un honorable (I Can’t Make It) Another Day.

Tous les ingrédients sont donc présents. Même la controverse. Des doutes ont en effet été émis sur l’authenticité de la voix de 3 titres. Breaking News en particulier peut en effet interpeller. Il fait partie d’un lot de chansons enregistrées dans le studio installé dans la maison de campagne des Cascios, une famille d’hôteliers d’origine sicilienne avec laquelle Jackson avait créé apparemment des liens privilégiés. Du côté de Sony, on insiste: après plusieurs avis positifs -dont ceux notamment de 6 anciens producteurs de la star (mais pas Quincy Jones), et 2 experts indépendants (lesquels?)-, il n’y a plus de soupçons à avoir: c’est bien Jackson qui chante les morceaux incriminés. Dont acte.

La pêche dans les archives (certains morceaux ont été entamés au moment de Thriller!) ne fait de toutes façons que commencer. Ce qui est peut-être le plus inquiétant, vu la qualité relative de ce qui reste une compilation un peu bancale. Sony a signé un deal de 250 millions de dollars pour pouvoir exploiter les enregistrements de Jackson jusqu’en 2017, avec la promesse de livrer au moins 7 albums posthumes dans les 10 ans. A ce stade-ci, pas sûr que cela rendra vraiment service à la légende.

Laurent Hoebrechts

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