Miam Monster Miam

Se collant aux plafonds et se glissant dans des conduits, la créature tentaculaire de Carrion replace le bad guy au centre des débats du jeu vidéo.

Doté d’un scénario décharné, Carrion jongle avec des classiques du cinéma d’horreur pour se glisser sous la peau d’une créature proche de celle du remake (au cinéma) de The Blob. Attraper, avec un tentacule visqueux, un scientifique terrorisé pour l’assimiler dans sa biomasse dégénérée procure une jubilation noire. Un sentiment aujourd’hui assez rare dans les jeux vidéo. Au milieu des années 90, incarner un bad guy était pourtant dans l’air du temps.

À la surprise générale, Lucas Arts s’ouvrait ainsi au côté obscur de la Force sur les combats spatiaux de TIE Figther. Peter Molyneux proposait de protéger un donjon d’aventuriers essayant de le piller sur Dungeon Keeper. Même Nintendo rejoignait le cercle des héros méchants avec Wario Land: Super Mario Land. Carrion et son alien sanguinolent descendent donc de cette courte liste qui compte également le cultissime Shadow of the Colossus et, plus récent, l’intelligence artificielle de la station spatiale d’ Observation.

Miam Monster Miam

Moi, moche et méchant

S’échappant d’un labo militaire, l’amas de chair et de sang de Carrion déroule une animation, une gestion de la lumière et un pixel art sublimes. Se faufiler sur les murs et les plafonds de ses mines d’uranium et autres jardins botaniques permet de saisir par surprise un adversaire pour le claquer à plusieurs reprises d’un mur à l’autre. Une bouchée plus tard, la masse qui aurait pu jouer dans The Thing de John Carpenter grossit. Sa santé ne se traduit d’ailleurs pas par une barre de vie mais bien par sa taille.

Le volume de la créature influence également sa vitesse et surtout ses capacités offensives. De l’invisibilité au contrôle mental d’un soldat que l’on retournera contre ses coéquipiers, cette montée en puissance progressive se vit sourire aux lèvres. Mais au fil des niveaux traversés, le ton monte. Des drones, des tourelles et des lance-flammes forcent à bien étudier les divers chemins possibles. À trouver, au plus vite, une marre d’eau, en cas de calcination.

Exigeant un temps d’adaptation pour maîtriser sa créature, Carrion débloque classiquement ses niveaux selon les nouvelles capacités qu’il offre progressivement au gamer. Ce metroidvania déploie hélas une exploration cryptique de ses niveaux labyrinthiques. Faute de carte, on tourne vite en rond, en pestant. Une légère tare, doublée d’une action assez convenue, mais qui n’empêche pas d’apprécier, au final, un propos très original.

Carrion

Édité par Devolver et développé par Phobia Studio, âge: 18+, disponible sur Nintendo Switch, PC et Xbox One.

7

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