RÉVÉLÉE PAR LE ALICE IN WONDERLAND DE TIM BURTON, L’ACTRICE AUSTRALIENNE RAYONNE AUJOURD’HUI PARMI LES HOMMES SANS LOI DE SON COMPATRIOTE JOHN HILLCOAT.

Il y a, chez Mia Wasikowska, quelque chose de Cate Blanchett, et pas seulement parce que les deux actrices partagent des origines australiennes; on parlera plutôt de présence, mais aussi de sagacité. Depuis qu’elle s’imposa dans le Alice de Tim Burton, la jeune comédienne (elle est née en 1989 à Canberra) n’a cessé, en effet, d’aligner les pépites, parcours exemplaire où l’on relèvera le Restless de Gus Van Sant et la Jane Eyre de Cary Fukunaga, deux déclinaisons, l’une lumineuse, l’autre tragique, d’une même intensité. On la retrouve aujourd’hui, aux côtés de Jessica Chastain, dans l’environnement viril de Lawless, western lorgnant vers le film de gangsters (à moins que ce ne soit l’inverse) de son compatriote John Hillcoat. Un peu de grâce dans un monde de brutes, en tout état de cause, le film devant sa pulsation singulière au ballet qu’y entament sauvagerie et douceur – « c’était l’objectif recherché par John et Nick (Cave, scénariste et compositeur, ndlr), opine-t-elle, voir ce qui résultait de ce mélange. Les rôles féminins offrent un contraste aux éléments plus brutaux« .

Mia in Wonderland

Se déroulant en Virginie pendant la prohibition, Lawless voit une famille de trafiquants d’alcool, les Bondurant, être l’objet d’une traque féroce de forces de l’ordre peu regardantes sur les moyens. C’est là un monde sans loi, mais pas totalement sans foi: elle y campe Bertha, une mennonite au charme de laquelle ne sera pas insensible le plus jeune des « moonshiners ». « J’ai fait des recherches sur cette confession, parce que je voulais comprendre les restrictions qui lui étaient imposées, et à quoi pouvait bien ressembler le fait de grandir dans un environnement aussi abrité et protégé. Pour Bertha, il s’agit là de son premier contact avec quelqu’un d’extérieur à sa communauté. » Si l’inconnu exercera sur la jeune fille son attrait singulier, il y aura aussi là pour elle l’occasion d’affirmer son indépendance. Celle de Mia Wasikowska n’est, pour sa part, plus à démontrer, qui l’a vue mener un parcours choisi, de la série In Treatment « une de mes expériences favorites, ne serait-ce que par la durée: ce n’est pas tous les jours que l’on peut approfondir à ce point un personnage, échappant qui plus est aux stéréotypes »– aux plateaux, hollywoodiens ou non. La questionne-t-on sur son ascension irrésistible qu’elle s’empresse toutefois de tempérer: « Il faut avoir une perspective d’ensemble, et faire de temps à autre un pas de côté. Entre deux films, je retourne toujours chez moi, en Australie: garder cet équilibre entre les deux mondes est important. »

Si elle envisage de toucher à d’autres métiers du cinéma – « tous les aspects de la création de films m’intéressent »-, son avenir immédiat passe par Stoker de Park Chan-wook et Only Love Is Left Alone de Jim Jarmusch, ce qui vous pose assurément une actrice. Après quoi on devrait la retrouver dans Carol, de John Crowley, aux côtés de… Cate Blanchett. Quelque part In Wonderland.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS, À CANNES

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