Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

LE FILS DE SERGE CONVOQUE UN IMPRESSIONNANT PANEL DE STARS POUR UN PREMIER ALBUM EN FORME D’HOMMAGE À SON PÈRE. RENCONTRE.

Il a bien des airs de fils de, mais bizarrement, pas celui auquel on s’attend. De loin, Lulu Gainsbourg fait volontiers penser à… Sean Lennon. La moue et le sourire indolent ne trompent cependant pas: Lulu est bien né Gainsbourg, fruit de l’union entre l’un des auteurs français majeurs du XXe siècle et Bambou, mannequin eurasienne. Soit le résultat de la rencontre entre un juif, descendant de déportés, et l’arrière-petite-nièce du Feldmarschall Friedrich Paulus, défait à Stalingrad. Un mélange forcément détonant, se marrait le paternel.

Flash-back: Lulu a 2 ans quand son père l’appelle sur la scène du Zénith, avant d’entamer Hey Man, Amen. Vingt-cinq ans plus tard, les images mettent un peu mal à l’aise. L’intéressé, lui, n’a pourtant pas l’air d’avoir été plus perturbé que ça. Rencontré à l’arrière d’un bar branché bruxellois, Lulu Gainsbourg est venu présenter son 1er album. Car, oui, le fils de Serge s’est lancé dans la musique. Forcément. « Cela n’a pas été aussi naturel que ça. La musique ne s’est imposée que très récemment, il y a un an et demi ou 2. Avant, je n’étais sûr de rien.  » Il y a 2 ans, il glissait pourtant déjà un titre sur l’album de Marc Lavoine, puis participait à celui de sa demi-s£ur Charlotte ( IRM). Juste avant, il entamait des études au prestigieux Berklee College de Boston. « En m’inscrivant à Berklee, l’idée était de me trouver. De savoir une bonne fois pour toute si la musique est la voie à emprunter. Jusque-là, j’avais suivi l’itinéraire scolaire classique, mais ce n’était pas ça. Je n’ai pas eu mon bac, par exemple. Mais par contre, il y a toujours eu cette facilité avec la musique. Donc pourquoi pas tenter le coup? » Avec Bambou comme première fan? « Ma mère ne m’a jamais forcé. Disons qu’elle m’a empêché d’arrêter. »

Aréopage prestigieux

Le voici donc, chef d’orchestre d’un album-hommage, From Gainsbourg to Lulu. « Un cadeau à mon père », insiste-t-il. Soit 16 reprises où il s’efface la plupart du temps derrière les nombreux invités français et internationaux.  » Ç’aurait été une très mauvaise idée de me faire chanter sur tous les titres. Je ne suis pas chanteur. Je ne suis qu’un guest parmi d’autres. Et puis, avec ces invités prestigieux, le but est également de faire davantage connaître les chansons de mon père à l’étranger.  » L’aréopage présent est impressionnant. « Mais chacun a été invité avec une idée précise. Scarlett Johansson n’est pas qu’une actrice très populaire, sexy, tout ça… C’est aussi une chanteuse, qui s’est inspirée du couple Bardot/Gainsbourg pour son disque avec Pete Yorn. Il n’y avait que Marianne Faithfull pour chanter un titre aussi sombre que Manon . Johnny (Depp, ndlr) et Vanessa (Paradis, ndlr) sont des amis, leur fille s’appelle Lily-Rose Melody, en hommage à Melody Nelson. Quant à Mélanie Laurent, mon père a toujours aimé faire chanter des actrices… « 

En attendant, difficile de ne pas voir dans l’exercice, au mieux, une tentative maladroite de sortir de l’ombre, au pire une récréation un peu mondaine et prétentieuse. Un coup dans l’eau? Le concert prévu au Cirque royal ce 10 novembre a été annulé. « Si je suis aujourd’hui convaincu que mon destin est dans la musique? Plus qu’hier en tout cas. Après, on verra. Disons que c’est bien parti. Mais je suis jeune. Et apparemment très ambitieux. « 

LULU GAINSBOURG, FROM GAINSBOURG TO LULU, UNIVERSAL.

LAURENT HOEBRECHTS

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