Lone Sloane renaît

Né il y a plus de 50 ans, mort depuis huit, le bad boy galactique et emblématique de Druillet revient avec un nouveau duo aux manettes, sous la houlette du maître.

Par le verbe et par la voix! On le croyait définitivement rangé des vaisseaux inter- galactiques et des combats wagnériens, se contentant pour l’éternité de mêler lyrisme et jurons dans les bras de Dame Légende. Mais Lone Sloane est de retour pour étancher sa soif aux calices de nos haines! Que tous les fans de feu Métal Hurlant, de science-fiction spectaculaire et de compos à l’aérographe et sous acide battent le rappel: Lone Sloane,  » le déicide, le chien de l’espace, le démon-aux-yeux-de-sang« , la création la plus emblématique de l’imaginaire punk et baroque de Philippe Druillet (75 ans), est de retour aux affaires. Certes sous la plume et le pinceau d’autres que lui, que l’on pensait irremplaçable. Mais la greffe prend, tant l’ombre tutélaire de Druillet fait plus que planer sur cette reprise réussie.

Lone Sloane renaît

S-F dantesque

 » C’est l’histoire d’une bande de pirates qui partirent à leur corps défendant chercher un livre qui n’existait pas, pour sauver un univers à l’agonie dont personne n’avait plus rien à foutre. » Dame Légende résume ainsi elle-même cette résurrection et cette nouvelle aventure, la onzième seulement depuis l’apparition de Lone Sloane en 1966 chez l’éditeur belge Éric Losfeld, entre le Barbarella de Forest, Pravda la Survireuse de Peellaert et l’ Epoxy de Cuvelier! À l’époque, c’est une révolution: Druillet s’affranchit de tous les codes de la bande dessinée, explose compositions et narration, et invente une S-F dantesque pour adultes, folle mais érudite, qui deviendra référence dès 1974 et la création de Métal Hurlant. Lone Sloane, pirate des galaxies, méchant comme une teigne, sera désormais de tous les albums BD de Druillet, hélas peu nombreux. Créateur très (trop?) dispersé et surtout d’une précision quasi obsessionnelle, Druillet a fait voguer son Lone Sloane d’éditeurs en éditeurs et d’un projet à l’autre -y compris dans des adaptations de Flaubert!- le rendant aussi rare qu’a priori inextricablement lié à son créateur. On avait tort: en 2008, Druillet rencontre Dimitri Avramoglou, surdoué inconnu qu’il va lentement façonner à son univers, lui-même alimenté par un nouveau scénariste, d’évidence fan mais moderne -Dame Légende prend un rôle prépondérant, et les chats de Schrödinger s’invitent au space-opéra. Pour le reste, et brillamment, tout le théâtre de la saga est rappelé à l’avant-scène: Shaan l’ennemi juré, Yearl le néo- martien, Solomon le roi-ours ou encore Kurt l’horloger, tous aux trousses du Fléau de l’espace et du Mysterium Cosmographicum, un livre-monde où seraient écrites « les légendaires chroniques du Loup des Étoiles », qu’elle fussent ou seront…

Lone Sloane – Babel

de Dimitri Avramoglou, Xavier Cazaux-Zago et Philippe Druillet, éditions Glénat, 88 pages.

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