Parce qu’il nous a maintes fois secourus, retournés, émus, brisés, effrayés, bluffés, transportés, métamorphosés, parce qu’il tient la mémoire en haleine, parce qu’il fait transpirer les mots, parce qu’il met le monde entre nos mains, parce qu’il rend visible l’invisible, parce que sans lui le cinéma et le théâtre seraient muets… Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, on ne manquera pas une occasion de fêter le livre. Le vrai, le faux, le laid, le beau, le dur, le mou, le gros touffu, le p’tit joufflu… Et comment mieux célébrer cette levure de l’imaginaire qu’en laissant la parole à ceux qui ont les mains dans la pâte? En écho à la Foire du Livre de Bruxelles qui s’aventure cette année dans les quartiers mal famés du polar et dans la jungle de la BD -également à l’honneur d’un nouveau festival prometteur, le Formidable Salon de la Bande Dessinée, qui se tient… au même moment dans la capitale (ne cherchez pas à comprendre, on est en Belgique…)-, nous avons placé ce numéro sous assistance littéraire et graphique. Avec tout d’abord cette nouvelle inédite de Douglas Kennedy, Couche-tard, servie en entrée. Auteur d’une dizaine de livres, cet Américain fait partie de ces écrivains rares capables de ferrer le lecteur avec des histoires à rebondissements et de lui injecter en même temps le venin capiteux du trouble, du frisson et de l’émotion. Un romancier populaire mais au sens noble du terme. Dont Les désarrois de Ned Allen ou La poursuite du bonheur sont des moments de plaisir intense autant que des coups de massue sur le plancher fragile de nos vies ordinaires. A notre demande, il a écrit spécialement une nouvelle noire, un genre avec lequel il flirte constamment sans y céder tout à fait, sauf peut-être dans Piège nuptial. Un bonheur n’arrivant jamais seul, Kennedy jouera les prolongations cinématographiques lors de son passage à Bruxelles. En cheville avec Focus, ce cinéphile aiguisé investira la Cinematek le samedi 9 pour une carte blanche. Il viendra parler des deux films projetés spécialement pour l’occa- sion ce soir-là: Le grand chantage d’Alexander Mackendrick, son coup de coeur, et L’homme qui voulait vivre sa vie d’Eric Lartigau, adapté de son roman éponyme. La littérature d’un côté, le dessin de l’autre. La joyeuse et talentueuse équipe du Professeur Cyclope, le nouveau magazine de BD numérique coproduit par Arte qui vient de larguer les amarres, prend ici le relais pour illustrer une bonne partie de ce numéro décidément pas comme les autres. Plongez-y!

LAURENT RAPHAËL

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