Liv.e free

Originaire de Dallas, Liv.e joue avec sa voix sensuelle, le jazz, la soul et le R&B sur un premier album éclectique et épatant.

Il y a des disques comme ça qui vous tombe sur le coin de l’oreille sans prévenir comme des ovnis apparus par une chaude nuit d’été dans un ciel étoilé. Couldn’t Wait to Tell You… n’est pas un leurre, un trompe-l’oeil, une illusion. C’est une épiphanie. Une révélation. Celle d’une jeune Texane installée en Californie et repérée par Earl Sweatshirt. Sous le charme, l’enfant terrible d’Odd Future l’a embarquée en tournée et lui a offert un featuring l’an dernier sur son EP Feet of Clay.

Élevée dans une famille de musiciens à Dallas, Liv.e a étudié à Chicago, poursuivi son développement artistique à New York et vit actuellement à Los Angeles. Elle revendique l’influence de Sly and the Family Stone et D’Angelo. Suscite les comparaisons avec Tweet et Erykah Badu (fan et grande soeur). Et signe surtout un premier album aussi remarquable que déroutant. Collection de bribes qui avoisinent généralement les deux minutes et forment un bluffant puzzle sonore, Couldn’t Wait to Tell You… (nous non plus) flotte aux confins du rap, du jazz, de la soul. Liv.e a grandi avec des parents croyants pratiquants, l’église et le gospel. Des frangins qui l’ont menée au hip-hop. Puis aussi la musique d’extraterrestres comme Johnny Guitar Watson, musicien de Houston qui inspira autant Jimi Hendrix que Frank Zappa.

Liv.e free

Journaux intimes

Une voix chaude et sensuelle, un chouette flow, des beats qui rappellent Madlib et J Dilla… Liv.e a écrit et enregistré son disque en un mois alors qu’elle vivait chez sa mère à Saint-Louis. Fine équipe. Un bon nombre de chansons ont été coproduites par Mejiwahn et Daoud Anthony, multi-instrumentiste qui participa l’an dernier au 1619 Project, une initiative du New York Times Magazine postulant que l’acte fondateur de la nation n’est pas la Déclaration d’indépendance de 1776 mais l’arrivée du premier navire y transportant des esclaves.

Liv.e décrit son disque (dans les crédits duquel se glisse le Bruxellois Shungu) comme une succession de points de vue. Ceux d’une dizaine de personnages qui se promènent en elle et partageraient des pages de leurs journaux intimes respectifs. Elles parlent de tomber amoureux, de ne pas courir derrière un mec en espérant qu’il fasse l’effort. Puis aussi des enseignements tardifs ( Lessons from my Mistakes… but I Lost Your Number)…

Ici et là, C.S. Armstrong, Lord Byron, Akeema Zane passent filer du renfort mais Liv.e s’en sort magistralement sans eux. Des morceaux courts, de l’éclectisme… Couldn’t Wait to Tell You est un disque musicalement en phase avec son époque, connecté au passé et tourné vers le futur. Une petite merveille qui ne manque ni de personnalité ni d’idées. Liv.e est dans une quête sans fin et cherche à perpétuellement s’impressionner. En ce qui nous concerne, c’est déjà gagné.

Liv.e

« Couldn’t Wait to Tell You… »

Distribué par In Real Life.

8

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