LENTEMENT MAIS SÛREMENT, LE LIVRE ÉLECTRONIQUE FAIT SON TROU. DE PLUS EN PLUS DE TITRES, DE PLUS EN PLUS D’EBOOKS. UNE PAGE SE TOURNE…

D’un seul coup, l’édition électronique francophone est passée à la vitesse supérieure. 25 % des 700 romans publiés à la rentrée de septembre étaient disponibles sous forme numérique. Et 10 % des 600 000 titres francophones commercialisés seraient déjà numérisés. Pour lutter contre l’anglicisation mondialiste, les autorités françaises ont libéré 500 millions d’euros pour numériser des £uvres, et cette manne est également accessible aux éditeurs francophones belges. La Communauté française encourage d’ailleurs les éditeurs en ce sens.

Les vrais atouts du livre électronique

Qu’il soit de type eBook ou tablette, le livre électronique présente 4 atouts par rapport au livre traditionnel. Le premier est la pose automatique de signets, sans qu’il soit encore nécessaire d’écorner une page. Vient ensuite la recherche automatique d’un mot ou d’un nom, particulièrement appréciée des étudiants qui doivent analyser un ouvrage. Si la liseuse est connectée (souvent en Wi-Fi), le mode hypertexte ajoute au livre la dimension du Net en renvoyant le lecteur à des contenus complémentaires. Enfin, l’eBook introduit l’interactivité entre l’auteur et ses lecteurs qui peuvent devenir co-auteurs du livre. Comme pour les logiciels, un livre connaîtra rapidement ses versions 1.1 ou 2.0. La disparition de l’obstacle papier rend le livre évolutif.

Le livre numérisé n’est pas (toujours) gratuit

Pour des ouvrages contemporains, la baisse de prix après numérisation n’est encore que de 15 à 20 % mais certains rêvent de le réduire de moitié. Pour l’instant, le gain réalisé en économie d’impression est partiellement compensé par les coûts de mise en page et d’interaction multimédias. Mais le principal surcoût vient de la lutte contre la copie illégale. La protection de type DRM (Adobe), calquée sur ce qui est pratiqué en musique, est conçue pour limiter le nombre de copies. Google eBook a ainsi rejoint, l’an dernier, près de 200 éditeurs et distributeurs qui ont déjà déployé cette technologie de protection. Mais elle coûte cher aux éditeurs qui doivent rémunérer le producteur du DRM pour son système de cryptage. Certains d’entre eux souhaitent s’orienter vers l’alternative du « marquage » qui permet d’identifier l’ordinateur qui a importé le livre et donc de le retrouver en cas de flagrant délit de copiage compulsif. En Belgique, c’est ce que propose Boek.be. Bien sûr, cela ne concerne pas les anciens ouvrages entrés dans le domaine public et qui se vendent à bas prix lorsqu’ils ne sont pas en téléchargement libre.

Liseuse ou tablette?

La tablette n’est pas un véritable eBook. La liseuse (ou le livrel) s’en distingue principalement par son mode d’affichage totalement révolutionnaire.

La tablette (iPad ou autre) est un écran rétroéclairé comparable à celui d’un écran de PC. La source de lumière située derrière l’écran demeure allumée en permanence, consomme donc de l’énergie et envoie une lumière peu confortable vers le lecteur.

A l’inverse, l’eBook utilise de l’encre électronique (ou e-ink) constituée de particules pigmentées qui ne sont activées électriquement que lors de la modification de la page. Et dans ce cas, l’éclairage est fourni, comme pour un livre papier, par la lumière ambiante. Sa résolution est généralement de 800 x 600 pixels en 16 niveaux de gris.

L’eBook, qui ne consomme de l’énergie que lors de l’activation d’une nouvelle page, bénéficie d’une autonomie considérable et d’un confort de lecture comparable à celui d’un livre. En revanche, cette liseuse est un produit dédié qui ne peut pratiquement rien faire d’autre. Par ailleurs, il lui manque la couleur, même si de nouveaux modèles font leur apparition. Décrites par certains comme des « tablettes châtrées », les liseuses couleurs doivent encore faire leurs preuves… et baisser leur prix.

On l’a compris, la tablette n’est pas conçue à l’origine pour être une liseuse, mais son écran couleur se prête très bien à la lecture des magazines ou journaux. Son autonomie, en revanche, est réduite à quelques heures. Il n’en demeure pas moins que, pour l’instant, le système rétroéclairé (de type PC ou tablette) représente 80 % du marché de la lecture numérique, contre 20 % seulement pour les liseuses de type Kindle.

Un format standard?

Le livre numérique n’a pas (encore) de standard unique, mais le marché semble donner la priorité au PDF et à l’ePub. Le premier convient davantage pour les ouvrages incorporant des illustrations (y compris les magazines et livres d’art), alors que l’ePub est utilisé pour les livres traditionnels à la mise en page plus minimaliste. l

TEXTE JEAN-CLAUDE VERSET

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