Lino Ventura et l’oeil de verre

Les éditions Glénat lancent une nouvelle collection sur l’éternel grand frère de la bande dessinée: le cinéma. Exclusivement consacrée aux réalisateurs et aux acteurs, elle démarre avec deux titres; l’un sur Sergio Leone, hyper classique dans sa facture, et l’autre sur Lino Ventura, beaucoup plus intéressant. À l’instar du 7e art qui, en termes de biopic, a réussi à renouveler le genre, cette BD prend le parti d’une biographie non linéaire. Les auteurs imaginent un Lino Ventura en perpétuel déplacement, flanqué d’un journaliste tentant malgré un matériel récalcitrant de faire une interview de la star en vue d’un article? d’une biographie? d’un film? On ne le saura jamais. Stéphane Oiry est dans son élément. Il parvient à traduire graphiquement les Trente Glorieuses avec une ligne claire épaisse, assombrie de trames vintage, réservant un traitement façon Quick et Flupke aux frasques du petit Lino dans l’Italie d’avant-guerre. Le génie des auteurs consiste à nous présenter un Ventura acteur de sa propre vie tel qu’on le voit à l’écran -on connaît sa discrétion sur sa vie privée-, distillant çà et là des moments clés de son parcours d’enfant, de catcheur, d’acteur par accident, de mari et de père. Il finira par devenir l’une des figures les plus populaires du cinéma français, malgré son rapport très personnel avec la caméra, cet oeil de verre.

D’Arnaud Le Gouëfflec et Stéphane Oiry, éditions Glénat, 144 pages.

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