Les vérités provisoires

DE ARNAUD DUDEK, ÉDITIONS ALMA, 184 PAGES.

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Rompu à la nouvelle par ses multiples collaborations à diverses revues –Décapage en tête-, Arnaud Dudek publie depuis 2012 chez Alma de brefs romans subtils, aériens, délicats. Dans celui-ci, au titre à proprement parler splendide, il joue des codes du polar pour nous présenter le parcours d’une fiévreuse nonchalance de Jules Carenti, menteur militant installé dans l’appartement de sa soeur mystérieusement disparue. Prodigue aussi en complices adresses au lecteur (concluant « eh bien, ce sera une belle fin de chapitre » ou parlant de « la femme à la robe turquoise du chapitre dix-huit »), il profite de cette quête moins époustouflante qu’attendue pour livrer une série de portraits léchés de ses protagonistes, dont ce père et son fils: « Un grizzly bourru, barbe de dix jours, chemise de bûcheron douteuse. Un poids mouche imberbe, moulé dans un polo noir. (…) Les deux tailles extrêmes XS et XXL, d’une même personne. » Chez Dudek, ces derniers cherchent avant tout à donner sens à leur vie, à se trouver une motivante utilité dans la grisaille routinière, y compris en s’enthousiasmant plus que de raison pour de chouettes petites choses tout en feignant de croire, pour la forme, qu’un destin sensationnel les attend. Et cela sonne toujours diablement juste.

F.P.

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