PARTANT D’UN SCÉNARIO ORIGINAL DE CORMAC MCCARTHY, RIDLEY SCOTT SIGNE UNE FABLE CRUELLE SUR LA CUPIDITÉ ET SES CONSÉQUENCES, SINGULIÈREMENT TRAGIQUES.

The Counselor

DE RIDLEY SCOTT. AVEC MICHAEL FASSBENDER, CAMERON DIAZ, BRAD PITT. 1 H 57. SORTIE: 13/11.

7

Cormac McCarthy au scénario. Ridley Scott à la réalisation. Michael Fassbender, Cameron Diaz, Javier Bardem, Penélope Cruz et Brad Pitt à l’interprétation. C’est sûr, le générique fait rêver. Le propos, beaucoup moins. Qui plonge en apnée dans les eaux poisseuses du crime organisé, sa loi de la jungle et ses méthodes féroces. Un milieu vénéneux dont un avocat cupide et arrogant (Michael Fassbender) croit pouvoir tirer profit sans retour de bâton. Avant de réaliser qu’il vient de mettre les pieds dans une impitoyable machine à broyer des vies, laquelle semble devoir inexorablement se refermer sur lui…

La douleur de l’argent

Un an après son reboot semi-raté de la franchise Alien -un Prometheus mou du genou dont on brûle peu de découvrir la suite, en cours d’écriture-, Ridley Scott affiche une forme quasi inespérée à la réalisation de The Counselor (Cartel en vf), bel objet clinquant évoquant d’abord le Soderbergh cool et sexy de Out of Sight ou des Ocean’s avant de tourner aigre, le film s’enfonçant peu à peu dans l’atmosphère délétère d’un thriller anxiogène aux accès de violence brutale et au propos désespéré, à la limite du nihilisme, doublé d’un portrait peu amène de l’Amérique d’aujourd’hui. Le romancier Cormac McCarthy (Blood Meridian, No Country for Old Men, The Road…) n’y est en effet pas allé de main morte à l’écriture de son premier scénario original, alignant comme à la parade les dialogues aussi brillamment cyniques que proprement interminables tout en prenant soin de dérouler un récit à ce point virtuose qu’il frise l’hermétisme pur et simple. Pour une fable à la morale glacée qui stigmatise avec force cruauté l’appât criminel du gain, dont les mortelles conséquences s’insinuent comme un poison.

« Le péché est un choix« , prévient l’affiche du film. Celui de Ridley Scott aura sans doute été de ne pas choisir: incapable de couper dans les fulgurances oratoires imaginées par McCarthy, il multiplie les face à face logorrhéiques au détriment de partis pris plus viscéraux -la scène de décapitation, exemplaire- et plus lisibles. Reste un divertissement de très bonne tenue, un thriller implacable et méchant rappelant fort à propos que l’homme est un loup pour l’homme, à moins qu’il ne s’agisse plutôt d’un guépard, fière mascotte d’une Cameron Diaz féline et vorace au possible -voir cette scène hallucinée où elle fait l’amour à une… voiture.

NICOLAS CLÉMENT

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