Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Qui trop embrasse… – Canet filme l’amitié entre humour et tristesse, comique et tragique. Avec de bons acteurs complices, mais en se prenant pour Claude Sautet… qu’il n’est certes pas.

De Guillaume Canet. Avec François Cluzet, Marion Cotillard, Benoît Magimel. 2 h 25. Sortie: 20/10.

Son premier film en tant que réalisateur était une petite perle. Cela s’appelait Mon idole, c’était drôle, caustique, inventif, dans la chronique des rapports entre un modeste mais ambitieux employé d’une chaîne de télévision (joué par lui-même) et le producteur vedette qu’il vénère (François Berléand) mais dont il découvrira la vraie personnalité lors d’un week-end très particulier. Malgré son incompréhensible triomphe aux César, Ne le dis à personne ne confirmait pas vraiment ces belles promesses, en alourdissant le récit inspiré du roman d’Harlan Coben et en boursouflant un thriller panique à la fois trop long et trop théâtral. François Cluzet était -de loin- l’élément le plus intéressant du film, dans un rôle dont il restituait toutes les facettes avec art. Le comédien, dont on ne répétera jamais assez qu’il est un des tout meilleurs de sa génération, domine également le troisième long métrage de Guillaume Canet, Les Petits Mouchoirs. Il s’agit pourtant d’un film choral, ce genre à nombreux personnages et destins croisés qui sert si souvent, ces dernières années, à masquer l’incapacité de certains scénaristes à écrire une histoire captivante. On ne fait pas Magnolia à tous les coups, loin de là!

Mes amis, mes amours

Plus que vers Paul Thomas Anderson et ses tentations mythiques, c’est vers Claude Sautet que semble loucher Canet avec Les Petits Mouchoirs. Le film commence par une très belle séquence où un homme (Jean Dujardin) quitte une boîte de nuit au petit matin, et fait route sur son scooter dans la lumière frileuse d’une aube parisienne. Même si l’on pressent la fragilité, l’accident qui le guette, on est tout de même pétrifié quand celui-ci se produit, brutal et terrible. Autour du lit d’hôpital où Ludo lutte contre la mort, ses amis se rassemblent dans l’inquiétude. Ils devaient bientôt partir en vacances, tous ensemble, Ludo y compris, et discutent de savoir s’il y a lieu d’y aller quand même, ou de tout annuler pour rester au chevet de l’accidenté. Décidant de prendre malgré tout le chemin de la côte, ils logeront tous, comme à l’habitude, dans la seconde résidence de Max, le plus aisé d’entre eux avec son affaire (un hôtel-restaurant parisien) qui marche. Mais Max (Cluzet, une fois de plus remarquable) accompagne sa générosité d’une paranoïa et d’une tendance dépressive que rend plus aiguë encore la révélation par Vincent (Benoît Magimel) de l’attirance qu’il éprouve envers lui. L’ombre double de cet amour hors norme et de l’état préoccupant de Ludo pèsera sur les vacances des 2 hommes, de leurs familles respectives et des autres amis réunis au bord de la mer…

On rit et on pleure, on s’aime et on se déchire, dans un film aux couleurs tragiques et comiques de la vie. Mais l’humour force de plus en plus le trait, les larmes sont de moins en moins naturelles. Et Canet semble se prendre pour un Claude Sautet dont il n’a ni la profondeur humaine, ni l’élégance formelle. Avec une demi-heure de plus que la moyenne de ceux du réalisateur de Vincent, François, Paul et les autres, son film contient de jolies scènes, mais ses ambitions excèdent ses moyens. l

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Louis Danvers

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