Les Monstres

Il y a Alice et il y a David. La première, professeure réservée et solitaire, s’enferme dans des manières de vieille fille. Un exemplaire de Frankenstein sur la table de chevet, elle sculpte des figurines d’argile aux allures de golem. Le second, la quarantaine conquérante, campe un commercial carnassier et imbu de sa personne, s’adonnant à tous les excès lorsque femme et enfants sont loin. Tous deux ont rendez-vous Chez Dominique, restaurant aux allures de cabinet de curiosités, tenu par une « sorcière ». Pendant ce temps, tous les écrans ne parlent que de lui, le phénomène du moment: le monstre invisible… Tamisant les lumières, saupoudrant les menaces, surjouant les mystères, Charles Roux joue à (se) faire peur. Le démiurge tutoie ou vouvoie alternativement les personnages qu’il déplace comme des figurines de jeux de rôles plongées dans un décor baroque. Piochant dans le bestiaire monstrueux (zombies, sasquatch, cauchemar…), ce conte fantastique aux effets ostentatoires propose un tour de train fantôme sur quelque 600 pages pour parvenir à la conclusion qu’en chacun de nous sommeille un monstre. Aux lecteurs curieux d’explorer le tourisme noir des nouvelles formes du gothique, on recommande la fréquentation de l’inquiétante étrangeté chez Bruce Bégout ( Le ParK, On ne dormira jamais).

De Charles Roux, éditions Rivages, 608 pages.

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