LE JEUNE AUTEUR SUISSE AIME MÊLER GIGANTESQUE ET INTIME. SA SAGA DE SF AÂMA LUI VAUDRA SANS DOUTE UNE BRELOQUE DE PLUS AU PROCHAIN ANGOULÊME.

On a déjà dit ici tout le bien qu’il fallait penser de la série de SF Aâma de Frédérik Peeters, dont le deuxième tome, La multitude invisible, vient de sortir aux éditions Gallimard. Une pure saga de SF qui voit des scientifiques déverser sur une planète lointaine une substance étrange capable d’accélérer le processus de développement de la vie… Restait à en parler avec son auteur, de passage à Bruxelles à l’occasion de l’exposition qui lui est consacrée à la galerie Brüsel.

On vous a déjà vu faire de la SF avec la série Lupus, vous avez tâté du polar, du fantastique, de divers « one shot » inclassables… Pourquoi ce retour à la « vraie » science-fiction?

J’avais envie de retrouver la sensation d’improvisation que permet la SF, même si les choses sont ici plus cadrées que dans Lupus. Je sais où je vais, mais je continue à lire, à me documenter. La technologie avance, et mes humeurs varient là-dessus entre l’euphorie et le désespoir total. Tout ça vient nourrir le récit, je ne connais donc pas la note finale exacte.

La thématique d’Aâma, c’est entre autres le rapport de l’homme à la technologie…

Oui. Est-ce un rapport de fusion, de conflit? Il y a énormément de théories, mais entre les tenants de la décroissance et les transhumanistes, je reste fasciné et un peu perplexe. Est-ce qu’à la fin de Aâma, tout ça leur aura-t-il échappé? Je laisse la question en suspens.

Dans Aâma, on assiste à la création de tout un monde, mais aussi au rapport entre un homme et sa fille…

Pour que ça m’intéresse, que ça me stimule, j’ai besoin de mêler la grande histoire et la plus petite, personnelle. Pour le personnage principal, j’ai arrêté de tourner autour du pot, il a grosso modo ma tête.

On peut voir dans votre expo, outre des planches, d’étonnantes aquarelles de zombies célèbres, de Gandhi à vous-même…

J’hésitais à faire des paysages bretons ou des vaches, mais j’ai préféré les zombies. Cent personnes célèbres mais mortes, et 100 personnes vivantes, avec les stigmates de leur mort hypothétique. Je me suis dessiné les yeux arrachés. Mon angoisse, c’est de devenir aveugle.

EXPOSITION AÂMA & CO, JUSQU’AU 27/11 À LA GALERIE BRÜSEL, 100, BOULEVARD ANSPACH À 1000 BRUXELLES. WWW.BRUSEL.COM

PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER VAN VAERENBERGH

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