VIBRANT À L’UNISSON D’UN HOMME ET D’UNE FEMME LIÉS PAR UN SORTILÈGE MIMÉTIQUE, UNE COMÉDIE À HAUT POTENTIEL LOUFOQUE, UN MAÎTRE FILM EN DÉCALAGE CHORÉGRAPHIÉ…

MAIN DANS LA MAIN

DE ET AVEC VALÉRIE DONZELLI. AVEC JÉRÉMIE ELKAÏM, VALÉRIE LEMERCIER, BÉATRICE DE STAËL. 1 H 20. DIST: TWIN PICS.

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Il émane des films de Valérie Donzelli (La reine des pommes, La guerre est déclarée) un sentiment d’énergie et de liberté difficilement résistible. Main dans la main, le troisième long métrage de la cinéaste française, ne déroge pas à la règle, qui revisite la comédie en mode inusité, adoptant le parti, jubilatoire, de la fusion de ses protagonistes. Le point de départ du film est, pour ainsi dire, un cas d’école cinématographique, qui joue de l’attraction des contraires -laquelle va toutefois prendre, pour le coup, un tour quelque peu rocambolesque. Soit donc, d’une part, Joachim Fox (Jérémie Elkaïm), miroitier à Commercy, et affairé avec sa soeur Véronique (Valérie Donzelli) à préparer le concours de danse amateur auquel ils doivent participer à Monaco. Et d’autre part, Hélène Marchal (Valérie Lemercier), dispensant tout en raideur son enseignement à l’école de danse de l’Opéra Garnier; une femme pincée à qui l’on ne connaît d’autre excentricité que sa dame de compagnie, Constance De La Porte (Béatrice de Staël). Tout les sépare a priori, jusqu’au jour où, étant venu prendre des mesures dans l’auguste maison parisienne, Joachim se voit poussé par une force étrange dans les bras de Hélène, attraction fortuite aux conséquences incontrôlables cependant, puisque ces deux-là se découvrent bientôt littéralement inséparables.

Comme un air d’Elli et Jacno

Le trait de génie de Valérie Donzelli est d’avoir opté pour une mise en scène osant le premier degré, dès lors qu’il s’agissait de donner forme à ce coup de foudre arbitraire ressemblant à quelque sortilège mimétique -entendez que chaque mouvement entrepris par l’un est systématiquement exécuté à l’identique par l’autre, ce principe de la duplication ne souffrant que quelques exceptions, du reste motivées. Il y a là, on s’en doute, un parti pris à haut potentiel loufoque, que la réalisatrice ne se fait faute d’exploiter, en un principe admirablement défendu par un duo de comédiens en osmose parfaite. Mais si Main dans la main est une maîtresse comédie en décalage chorégraphié, elle s’avance aussi en terrain sensible, quelque part « entre la vie que l’on fantasme et celle qui nous correspond« , suivant l’expression de l’une de ses protagonistes, avec à la clé des humeurs forcément variables. Non sans instruire, et cela n’a certes rien d’anodin, un rapport ouvert et généreux au monde. Ludique et mélancolique à la fois, à l’instar de la chanson d’Elli et Jacno à laquelle il emprunte son titre, voilà un film venu par ailleurs (et rejoignant en cela l’impeccable Camille redouble de Noémie Lvovsky) redessiner fort librement les contours de la comédie française. Une disposition drôlement stimulante, on en conviendra, pour un DVD réjouissant même si avare de compléments, les plus significatifs consistant en une poignée de scènes coupées.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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