Les Couleurs de Fosco

Dans les années 80, à flanc de falaise, Fosco est un village pétri de traditions où les masculi« boivent le café noir et la méfiance » et les fimminesavent trop bien où réside leur place. Un fief littoral où l’escalier, que personne n’aurait l’outrecuidance de restaurer, ne mène pourtant pas à la mer. Totonnu le boucher, à la tête du clan Rusto, règne avec poigne sur chaque âme. Dans ce contexte barricadé, Irène, fille aînée du pizzaïolo Rosario (cousin et subalterne du chef) et férue de dessin, est considérée comme une mauvaise graine. Rocco, fils d’un traître assassiné, est bleu de cette adolescente hardie. Quant à Lino, progéniture unique du Parrain, il se rêve en Madonna de Like a Virgin et ne répond guère aux normes viriles qu’on attend d’un héritier. Ces trois-là, soudés dans une alliance salutaire, aspirent à une tangente, un ailleurs où leur altérité ne serait pas vilipendée. Mais bientôt, cet équilibre fragile gagné contre l’obscurantisme est menacé: le clan des Linda réclame à Totonnu le prix d’une dette ancienne et la situation pourrait virer au cauchemar… Dans une langue tour à tour sensuelle et terrienne, Paola Cereda fait rayonner les mille et une carnations d’une localité régie par la loi ancestrale des hommes mais où l’obstination des femmes et leur résilience farouche après tabula rasa finira par avoir gain de cause. Publiée pour la première fois en français, l’autrice italienne nous fait voracement palper cette « attirance puissante vers la vie » bien nécessaire en ces temps sombres où le libre arbitre des uns continue d’être mis à mal par les autres.

De Paola Cereda, éditions Autrement, traduit de l’italien par Patrick Vighetti, 368 pages.

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