Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

23.55ARTE CINÉMA

FILM BIOGRAPHIQUE D’ ANTON CORBIJN. AVEC SAM RILEY, SAMANTHA MORTON, ALEXANDRA MARIALARA. 2007.

Anton Corbijn avait 24 ans lorsqu’il écouta Unknown Pleasures, l’album inaugural de Joy Division. Le jeune photographe hollandais, subjugué par  » la pesanteur unique de ce son, de ces chansons« , n’allait pas tarder à gagner l’Angleterre, s’installant à Londres où se levait une vague de groupes post-punk tous ou presque influencés par le band de Manchester. Bientôt, il photographia ce dernier, en une session devenue instantanément fameuse. D’autres clichés suivirent, à Manchester même, peu avant le suicide par pendaison de Ian Curtis. « Cette rencontre avait ouvert une boucle que je peux enfin refermer aujourd’hui », commente Corbijn à propos de Control, le film qu’il a consacré à la vie et à la mort du chanteur précocement disparu. Il ne s’agit ni d’un film musical, ni d’une hagiographie. C’est le compte-rendu attentif, réaliste, captivant, d’une trajectoire brisée en plein élan créatif. A l’opposé de la rêverie poétique menée par Gus Van Sant autour du suicide de Kurt Cobain dans Last Days, Anton Corbijn choisit une approche humble et vériste. Celui qui est devenu, dans les années 80 et 90, la référence en matière de photographie d’artistes (de Tom Waits à Clint Eastwood) puis de clip vidéo (avec notamment U2 et Depeche Mode), a mis un noir et blanc superbement grainé au service d’un récit qui touchera bien au-delà des seuls passionnés de Joy Division. L’Angleterre provinciale de la fin des années 90 est remarquablement rendue dans un film aussi habitable qu’habité, où le spectateur accompagne vraiment les personnages de scène en scène. Dans le rôle de Ian Curtis, Sam Riley affiche une présence fascinante et une crédibilité jamais prise en défaut. Il restitue de superbe et douloureuse façon les états d’âme d’un jeune homme d’origine modeste propulsé vers une gloire inattendue, partagé entre un travail alimentaire et les espoirs fondés dans son groupe, entre les exigences de la scène et les crises d’épilepsie qui le saisissaient parfois au plus mauvais moment, et surtout entre deux femmes (dont une Belge) qu’il aimait différemment mais au prix de déchirements de moins en moins supportables…

LOUIS DANVERS

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