Matthias Schoenaerts avait d’emblée montré la voie, imposant son physique et sa fragilité dans De rouille et d’os de Jacques Audiard: la belle aventure cannoise du cinéma belge s’est donc poursuivie, les films engagés dans les différentes sections du festival s’y taillant un joli succès. A commencer par A perdre la raison, le nouveau long métrage de Joachim Lafosse, présenté à Un Certain Regard et qui, lors de la projection officielle, a bénéficié d’une mémorable standing ovation, la performance d’Emilie Dequenne étant par ailleurs saluée par Thierry Frémaux soi-même (dont l’on se demande d’ailleurs pourquoi il n’a pas sélectionné le film en compétition).

La presse internationale n’allait pas être en reste, plébiscitant une £uvre que l’on ne saurait qualifier autrement que de remarquable, accomplissement majeur d’un cinéaste ayant su transcender le fait divers dont il s’est librement inspiré pour en faire ressortir la suffocante et bouleversante dimension universelle.

Même concert d’éloges pour Ernest et Célestine, adaptation de l’£uvre de Gabrielle Vincent, réalisée par le jeune cinéaste français Benjamin Renner, épaulé pour le coup par le tandem Stéphane Aubier et Vincent Patar, ces derniers retrouvant le festival trois ans après Panique au village. Si la présentation d’un film pour enfants à la Quinzaine des Réalisateurs avait quelque peu surpris, le résultat a enthousiasmé la Croisette. De fait, le trio de réalisateurs a réussi à traduire en animation la délicatesse de trait des livres, les aventures de l’ours et de la petite souris prenant à l’écran un tour enchanteur mais pas dénué d’aspérités (ni même de doux délire anarchique) pour autant. Soit une greffe parfaitement réussie pour les auteurs de Pic Pic et André, et un film en forme de cocon douillet dans lequel l’on pourra se lover à l’horizon des fêtes de fin d’année.

Présenté à la Semaine de la Critique, Hors les murs, le premier long métrage de David Lambert, fait pour sa part se rencontrer inopinément Paulo, un jeune pianiste, et Ilir, un bassiste d’origine albanaise et barman à ses heures, le premier quittant aussitôt sa petite amie pour rejoindre le second. Soit le point de départ d’une histoire d’amour aux circonvolutions singulières, impeccablement incarnée par Matila Malliarakis et Guillaume Gouix, devant une caméra attentionnée. Vendu sur divers marchés (dont la France, le Canada, l’Allemagne et Taïwan), le film est annoncé dans les salles belges à l’automne. Epoque où l’on pourrait également y découvrir La tête la première de Amélie Van Elmbt, film intimiste devant beaucoup à Jacques Doillon, et s’appuyant sur deux épatants jeunes comédiens, David Murgia et Alice de Lencquesaing. Et qui, après les écrans de l’Acid (Association du Cinéma indépendant pour sa Diffusion), devrait se retrouver sur ceux du festival de Namur, et d’ailleurs…

J.F. PL.

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