Les Affamés et les Rassasiés

L’Allemand Timur Vermes avait cassé la baraque il y a quatre ans avec son premier roman, Il est de retour, fiction féroce et sans pitié qui imaginait la résurrection de Hitler dans l’Allemagne d’aujourd’hui -et au terme duquel, attention spoiler, il en redevenait le patron grâce, pour l’essentiel, aux médias et à la connerie humaine. Timur Vermes jette aujourd’hui son fiel et sa plume fine sur un sujet pas moins « touchy », à savoir le sort que L’Allemagne et l’Europe (les rassasiés) réservent aux réfugiés (les affamés). Il part donc à nouveau d’une seule bonne idée forte: 150 000 réfugiés décident de parcourir, à pied, et sous les caméras d’une téléréalité, les 10 000 kilomètres qui séparent leur camp de la frontière allemande. Un périple fou et spectaculaire au cours duquel vont se croiser réfugiés, journalistes, hommes politiques et mafieux, et d’où va, hélas, jaillir le pire de l’homme. Et ce, jusqu’au final qu’on ne dévoilera pas, particulièrement choquant, et qui pointe, de nouveau, la responsabilité des médias et de la bétise humaine. Une farce dérangeante, donc admirable, moins dans son mélange sans concession d’humour féroce et de tragédie que par le réalisme dont fait preuve Timur Bermes dans la description de sa longue marche.

De Timur Vermes, éditions Belfond, traduit de l’allemand par Mathilde Julia Sobottke, 528 pages.

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