Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

IL ÉTAIT LÉA, DEUX FOIS

DE 1789 À AUJOURD’HUI, À VERSAILLES OU DANS LES ALPES, LÉA SEYDOUX, LA JEUNE PROMESSE DU CINÉMA FRANÇAIS, AFFICHE SON TALENT.

DE BENOÎT JACQUOT. AVEC DIANE KRUGER, LÉA SEYDOUX, VIRGINIE LEDOYEN. 1 H 40. DIST: LUMIÈRE. / D’URSULA MEIER. AVEC LÉA SEYDOUX, KACEY MOTTET KLEIN, MARTIN COMPSON. 1 H 37. DIST: TWIN PICS.

On a souvent vu encenser d’irrationnelle façon de nouvelles têtes, de jeunes pousses, promises nous disait-on au firmament du cinéma français… mais vite retombées ensuite dans une triste moyenne, voire un oubli précoce. Quelque chose nous conduit pourtant à prévoir un très beau futur à Léa Seydoux, et à faire d’elle un des plus sûrs espoirs de l’écran. Au Festival de Berlin, où étaient sélectionnés ses deux films paraissant aujourd’hui en DVD, le sentiment était presque unanime. Formidable en costume XVIIIe siècle dans Les adieux à la reine, non moins épatante dans le très contemporain L’enfant d’en haut, l’actrice française apportait une double preuve de sa pure présence devant une caméra (attestée déjà par La belle personne, Plein Sud, Mistérios de Lisboa et Belle épine), mais aussi et surtout d’un talent s’épanouissant dans des rôles difficiles, exigeant bien plus qu’un physique avantageux et ces airs boudeurs de femme enfant qui suscitent quelques comparaisons avec une certaine Brigitte Bardot.

Celle qui s’est déjà essayée aux grosses productions internationales ( Robin Hood, Mission: Impossible-Ghost Protocol) endosse avec bonheur les atours de la lectrice de Marie-Antoinette dans Les adieux à la reine. Filmée avec une grande proximité par un Benoît Jacquot qui cheville sa caméra aux pas de sa jeune héroïne, Léa Seydoux est l’incarnation du dévouement, de la fidélité, de la détermination. Sa Sidonie, traitée comme un simple pion par cette souveraine qu’elle vénère et qui lui fait risquer le trépas sans remords aucun, nous emmène avec force dans un Palais de Versailles saisi de panique sous l’effet des rumeurs de révolution. Une prestation éminemment moderne, dans un film historique au réalisme saisissant, à la fois sobre et poignant. L’émotion retenue est aussi présente dans L’Enfant d’en haut, deuxième film d’Ursula Meier après Home. Seydoux y incarne la s£ur aînée d’un petit voleur écumant une station de ski huppée, assurant ainsi leur survie matérielle à tous deux, dans le petit appartement qu’ils partagent au fond de la vallée. Face au formidable Kacey Mottet Klein, la comédienne sert à merveille un personnage ingrat à plus d’un égard, et s’inscrit remarquablement dans le registre du réalisme social. Le film est accompagné de suppléments comprenant entre autres les commentaires de Léa Seydoux. Les Adieux à la reine est proposé sans bonus. Deux films indispensables.

LOUIS DANVERS

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content