Le Seigneur des Oiseaux. Adaptant les livres pour enfants de Kathryn Lasky, Zack Snyder signe une fantaisie en 3D spectaculaire mais plombée par son contexte abracadabrant.

Film d’animation en 3D de Zack Snyder. Avec les voix de Jim Sturgess, Helen Mirren, Geoffrey Rush. 1 h 30. Sortie: 13/10.

On peut compter sur Zack Snyder pour s’atteler avec un bel aplomb aux projets les plus risqués. Après une mémorable adaptation des Watchmen, le voilà donc qui se fend d’une transposition à l’écran et en 3D de Legend of the Guardians, série de livres pour enfants nés de l’imagination de Kathryn Lasky et inscrits dans un monde imaginaire peuplé de chouettes et de hiboux -on a déjà vu moins hasardeux comme postulat.

Récit d’heroic fantasy somme toute classique, Legendof the Guardians oppose 2 groupes de strigidés aux aspirations antagonistes. Et voit les Purs Sangs tenter d’imposer leur joug totalitaire au royaume des chouettes, qui en appellent aux légendaires gardiens de Ga’Hoole pour sauver ce qui peut l’être; un conflit qui se cristallise à l’écran autour de 2 frères, Soren et Kludd, qui épousent chacun une cause différente. Le simple énoncé de ce synopsis suffit malheureusement à poser les limites du film: difficile, en effet, de se sentir concerné par cette histoire abracadabrante déclinée sur le mode Seigneur des Oiseaux. Circonstance aggravante, à la minceur des enjeux, objectivement fort ténus en dépit de leur résonance humaine sursoulignée, s’ajoute la confusion liée à un constat qu’aurait pu formuler La Palice: rien ne ressemble plus à une chouette qu’une autre chouette, surtout lorsqu’elles sont affublées de casques (sic). Autant dire que l’on a tôt fait de décrocher des nombreuses scènes de bataille venues pimenter ces aventures épiques…

Le sommet de la 3D

Cela étant, on s’en voudrait de jeter l’oiseau avec le nid et de vouer, dans la foulée, Snyder aux gémonies: si le scénario flirte avec insistance avec le ridicule (on ne vous parle même pas des parenthèses new age venues à l’occasion l’aérer), l’accomplissement formel s’avère, pour sa part, rien moins que soufflant. S’agissant de la 3D, surtout, le film est, par endroits, un véritable enchantement, Zack Snyder déployant ici une maestria peu commune. A tel point que, jouant à la fois de la profondeur et de la texture de l’image, certaines séquences de vol sont sans doute ce que la 3D a offert de plus convaincant et de plus impressionnant à ce jour -d’un strict point de vue technique, ce Legend of the Guardians vaut bien un Avatar.

Ajouté à cela le soin manifeste apporté à composer l’univers graphique d’une noirceur peu commune dans lequel s’inscrit l’histoire, et voilà un film qui ne manque assurément pas d’en imposer visuellement. Reste, toutefois, au-delà de la prouesse technologique, la question de sa nécessité fondamentale: trop sombre pour les plus jeunes -le Alice de Tim Burton, à côté, c’est Hairspray-, trop improbable pour les autres, Legend of the Guardians est l’exemple par l’absurde d’une 3D n’existant que pour elle-même; un gadget percutant et maîtrisé, certes, mais un gadget quand même.

Jean-François Pluijgers

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content