Daredevil, Doom Patrol, The Tick, Legion…: petit topo des incontournables séries de super-héros

La série Daredevil (Marvel) a creusé le sillon de personnages de super-héros plus sombres, plus matures.

Le plein de super: après s’être longtemps adressées à un public relativement jeune, les séries de super-héros visent de plus en plus les adultes.

Au milieu des années 80, les éditeurs de comics aux États-Unis traversent une crise sans précédent. Les ventes sont au plus bas. Pour tenter d’endiguer l’exode des lecteurs, ils partent à la conquête d’un nouveau public: les adultes. DC Comics lance une première initiative en 1986, avec la sortie de deux ouvrages majeurs: la minisérie The Dark Knight Returns de Frank Miller, et les Watchmen d’Alan Moore. Marvel lui emboîte le pas quelques années plus tard, au début des années 2000, notamment avec la collection Max, qui revisite des personnages phares de son écurie, sous un angle plus mature (comme l’illustre Daredevil).

Si les adaptations de comics en télé remontent aux années 50, le virage vers des séries adultes (c’est-à-dire classées « TV-MA » aux États-Unis, pour « Mature Audience ») est, quant à lui, beaucoup plus récent. Parmi les pionnières du genre, on peut notamment épingler les séries animées Spawn (diffusée sur HBO de 1997 à 1999) ou Frisky Dingo (produite par Adult Swim de 2006 à 2008), ou encore la série britannique Misfits, qui a déroulé ses cinq saisons de 2009 à 2013. Mais c’est surtout depuis 2015 que le phénomène s’est accéléré, avec en tête de proue les productions Marvel sur Netflix.

Luke Cage
Luke Cage

Après l’échec du brouillon Powers, adaptation du comics de Brian Michael Bendis, c’est en s’associant avec le célèbre service de streaming que Marvel va réussir son entrée sur le marché de la télé pour adultes. Surfant sur le succès du « Marvel Cinematic Universe », l’univers partagé mis en place du côté du cinéma avec Avengers, Iron Man et autres Captain America, la « Maison aux Idées » (le surnom de Marvel) va choisir d’en explorer une facette plus ombreuse et plus mature. D’abord avec une adaptation violente, sans concession et jouissive du Daredevil de Frank Miller. Puis avec trois autres séries pour publics avertis, les plus dispensables Jessica Jones (2015), Luke Cage (2016) et Iron Fist (2017), réunies au final en une décevante minisérie, The Defenders, diffusée en août 2017. Des productions crues, proposant des personnages torturés, loin des archétypes manichéens du genre, qui vont ouvrir la voie à des adaptations plus sérieuses de personnages jusqu’ici souvent cantonnés à un public adolescent.

Ce n’est qu’un début…

En août 2016, c’est au tour d’un autre service de streaming de se lancer dans l’arène: Amazon Prime diffuse la première saison de The Tick, itération adulte très drôle du super-héros parodique de Ben Edlund, après deux adaptations (en série animée en 1994, puis en « live action » en 2001) destinées à un public plus jeune. Série clé dans cette maturation des thématiques superhéroïques, et véritable ovni dans le paysage télé, l’extraordinaire Legion (diffusée pour la première fois sur la chaîne FX en février 2017) va encore élever le niveau d’un cran. Mettant en scène un mutant doté de personnalités multiples, l’adaptation de Noah Hawley (Fargo) de cet inclassable de Marvel redéfinit le genre, grâce à une narration imprévisible et un traitement encore plus adulte, bien loin des classiques capes et tenues de Spandex. Un incontournable pour les aficionados de bizarreries télévisuelles.

Legion
Legion

Le succès de ces nouveaux super-héros pour adultes inspire aussi les productions DC Comics. Jusqu’ici plutôt populaires auprès d’un public relativement jeune, grâce à l’univers télé élaboré par Greg Berlanti sur la chaîne CW (Arrow, The Flash, Legends of Tomorrow), les nouvelles séries DC se mettent, à leur tour, à explorer des pistes narratives plus sérieuses. Avec l’inauguration de leur propre service de streaming fin 2018, baptisé DC Universe, les papas de Batman lancent coup sur coup deux séries destinées à un public averti. D’abord Titans, une adaptation graveleuse (mais peu inspirée) des Teen Titans, un groupe de super-héros adolescents qui, dans cette nouvelle mouture, apparaissent torturés, violents, ne rechignant pas à faire couler le sang ou démembrer leurs adversaires.

Dans la foulée, DC enchaîne avec le merveilleux spin-off Doom Patrol, adapté d’un obscur comics des années 60, mettant une fois encore en scène des personnages cabossés, aux passés troubles, et balayant le politiquement correct d’un revers de la main. Lorgnant du côté de Legion par son aspect décalé et loufoque, Doom Patrol propose une narration assez crue, teintée d’un humour parfois vulgaire, à ne pas mettre devant tous les yeux.

Watchmen
Watchmen

Et cette tendance à la métamorphose des super-héros de télévision ne fait que commencer. Fin mai, DC Universe proposera une troisième série inédite, inspirée cette fois-ci des comics Swamp Thing, et qui pataugera allègrement dans l’horreur et le trash. Sur HBO, on attend également avec impatience l’arrivée de l’adaptation des Watchmen, série de super-héros adulte par excellence, revisitée par le cerveau bouillonnant de Damon Lindelof (à qui l’on doit déjà le traumatisant The Leftovers). Enfin chez Marvel, pour satisfaire un public plus âgé, on mise sur l’animation, avec une fournée de quatre dessins animés destinés aux grands (MODOK, Hit-Monkey, Tigra & Dazzler et Howard the Duck), qui culminera en une minisérie ironiquement baptisée The Offenders (clin d’oeil irrévérencieux aux Defenders de Netflix). Pour les fans de super-héros télé, une chose est sûre: grandir n’est désormais plus une malédiction.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content