Le jour où j’ai rencontré Ben Laden (tome 1)

On nous l’a assez répété: le monde n’est plus pareil depuis le 11 septembre. Les procès des attentats de Charlie Hebdo et de Paris nous rappellent que les conflits ne se déroulent plus uniquement là-bas, loin derrière nos petits écrans. On nous rappelle également que la ghettoïsation passive a transformé certains endroits, comme Molenbeek ou le « Londonistan », en plaques tournantes organisant les départs de candidats au djihad en Syrie. Mais que se passe-t-il dans la tête de ces gars et de ces filles, prêt(e)s à partir pour une cause qui ne les concerne que de loin? Jérémie Dres, reporter en bande dessinée, tente de nous éclairer au travers de l’expérience de Nizar Sassi et Mourad Benchellali, deux jeunes de la banlieue lyonnaise, partis début 2001 en Afghanistan. Rappelons qu’à cette époque, à part la CIA, personne ne connaît Ben Laden. À la différence d’un Salah Abdeslam, Nizar et Mourad expliquent que leur but est de goûter à un islam « pur », pas de faire la guerre et encore moins de tuer des civils. Ils vont vite déchanter. Jérémie Dres monte sa bande dessinée comme un documentaire à l’américaine: il casse la chronologie du récit en mélangeant des séquences où il se met lui-même en scène interviewant les deux compères, illustre leur cheminement physique et mental jusqu’en Afghanistan, puis recoupe ces informations avec celles d’un enquêteur spécialisé dans le terrorisme. Il fait un véritable boulot journalistique, citant quelques sources en fin d’ouvrage, et c’est passionnant. On ne va pas jusqu’à comprendre ces deux gars, mais bien le mécanisme qui les pousse à partir. Ils nous apparaissent presque sympathiques lorsqu’on suit l’un d’eux dans un collège où il raconte son histoire à des élèves dissipés, interloqués et finalement médusés…

Le jour où j'ai rencontré Ben Laden (tome 1)

De Jérémie Dres, éditions Delcourt, 192 pages.

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