« Quand je suis parti en voyage scolaire à New York en 1995, j’ai dépensé tout mon argent de poche le premier jour dans un magasin de CD où j’ai trouvé une douzaine de bootlegs de Nirvana que je n’avais pas. L’espoir étant toujours de débusquer la chanson rare qui ne figure sur aucun album.  »

Le groupe de Kurt Cobain n’a officiellement sorti que 5 disques mais Nicolas Nayaert, alias Blaede, en a 36 chez lui. Au début des années 90, le grunge a changé sa vie. La claque pour ce gamin de 14 ans fan de Cure et Sonic Youth, c’est Nevermind.  » L’énergie. La batterie de Dave Grohl. L’attitude du chanteur face à l’industrie. Le côté anti-commercial… J’adorais.  »

Il ne comprend pas les paroles mais l’ado sent la désillusion qui transpire, la détresse qui suinte.  » Les vrais fans de Nirvana ne devaient pas être heureux dans la vie. Il fallait un certain malaise pour être happé par cette musique.  » Lui, à l’époque, est un peu l’alien dans sa classe, à Catteau. Perdu, tout de noir vêtu, entre les pulls Chipie et les chemises Chevignon.

Nicolas, c’est pas le look grunge pull troué, bonnet en laine… C’est sa récupération commerciale. Les t-shirts à l’effigie de ses idoles.  » Plus le dessin était moche et mieux c’était. Je m’en foutais qu’on se fasse du fric sur mon dos tant que l’artiste ne tombe pas dans cette exploitation mercantile. Et pas une seule seconde, j’ai eu l’impression que Cobain veuille devenir riche. J’avais le look revendicatif. Je suis fan de Nirvana. J’ai les cheveux longs. Et je t’emmerde.  » Quelque part, une réaction aux eighties.  » Car des habitudes vestimentaires à la musique, et même l’art en général, les années 80 représentent pour moi la pire décennie de l’histoire.  »

CD, posters et VHS…

Au début des années 90, il n’y a pas Internet. Nicolas passe 3 à 4 heures par jour devant MTV. Enregistre le Top 20 sur VHS. Découvre Soundgarden, Pearl Jam, Alice in Chains… Il convainc même ses profs de le laisser accrocher des posters de ces « drogués » aux murs.  » Je passais mes pauses de midi à acheter des affiches de Nirvana et Soundgarden. A la fin de l’année, je les décollais pour les remettre dans ma nouvelle classe.  »

Le Bruxellois donne son premier concert au bal des rhétos. Trois reprises de Nirvana. Et passe 6 ans dans Auramancer, composé de vieux potes et d’une chanteuse recrutée par petite annonce.  » C’est le grunge qui m’a donné envie d’empoigner une guitare. On pouvait en jouer facilement. C’était pas très compliqué techniquement.  »

Puis, il y avait aussi un sentiment d’identification.  » Les groupes ne jouaient pas les rock stars. On voyait bien qu’ils n’habitaient pas à côté mais ils incarnaient les jeunes tels qu’on les imaginait aux Etats-Unis.  »

Actuellement guitariste des 1984, plus proches du metal que du grunge, Nicolas n’a jamais vu Nirvana sur scène – » j’avais mon ticket, Kurt s’est suicidé avant« -, mais il rattrape désormais le temps en allant voir la reformation d’Alice in Chains, les nouvelles aventures de Chris Cornell (Soundgarden).  » Je déteste sa daube avec Timbaland mais pour un Spoonman , il peut me jouer toutes les crasses du monde.  » l

J.B.

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