Le Goût de la nectarine

Dans les histoires d’amour, ce qui intéresse les petits voyeurs que nous sommes, ce sont les débuts émouvants qui nous retournent le coeur ou les fins tragiques ne laissant pas non plus le muscle cardiaque au repos. Le Goût de la nectarine s’attache à cette dernière période où les liens se libèrent mais quand, aussi, d’autres se tissent. C’est là toute la complexité de ce que vivent Bron et Max. En dehors du fait que les deux personnages sont des femmes et que l’une des deux est trans, leur histoire est somme toute banale. Comme dans beaucoup d’histoires de couples, cette relation est vue d’un mauvais oeil par les proches. Une séparation permettra au moins, espérons-le, de recoller les morceaux avec la famille. L’autrice nous dévoile petit à petit et de manière très subtile les tenants et aboutissants de ce que vivent les protagonistes ainsi que tous les dommages collatéraux que la séparation engendre. Car la pierre angulaire du récit est Nessie, petite fille énergique de six ans qui passe tous ses mardis avec tatie Bron et tatie Max. À trois, elles se transforment en lézard quand elles explorent les sous-bois à la recherche d’animaux fantastiques en chantant à tue-tête des chansons inventées par Bron. Si la gamine adore passer du temps avec ses tantes, l’empreinte qu’elle laisse dans le coeur de celles-ci est immense. On est touchés par ces deux femmes qui tentent d’oublier, le temps de la visite, leur quotidien difficile. Non contente de ferrer le lecteur avec un scénario bien ficelé, l’autrice adapte son dessin aux situations, transformant par exemple les trois filles en véritables monstres amphibiens qui reprennent peu à peu visage humain quand l’excitation du jeu disparaît.

Le Goût de la nectarine

De Lee Lai, éditions Sarbacane, 240 pages.

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