Le Garçon au visage disparu

On comprend le trouble du fonctionnaire qui fait face à la maman de Jérémy. Celle-ci est venue déclarer à la police de Montréal la disparition du visage de son fils:  » J’ai fouillé partout dans sa chambre, je n’ai rien trouvé. Plus d’oreilles, plus de bouche, plus rien! Son visage a complètement disparu! » Mais que peut un flic, puis un médecin, puis un prêtre, face à cette réalité très difficile à admettre, comme l’était la vie de Jérémy juste avant ce coup du sort: Jérémy en veut à son père, humanitaire, de le délaisser au profit d’autres. Or celui-ci vient d’être pris en otage, et la culpabilité ronge Jérémy… Au point de lui effacer le visage? La chose est peu coutume. Ce Garçon aux relents de conte moderne fut d’abord une pièce de théâtre du dramaturge et écrivain québécois Larry Tremblay, très populaire dans sa province. Une popularité telle que l’éditeur local, les Éditions de la Bagnole, a voulu en faire une adaptation. Adaptation reprise pour le marché franco-belge par les éditions Kennes, elles-mêmes friandes de productions québécoises. Tout ça pour expliquer le petit trop plein de sucre (d’érable) qui recouvre ce joli conte triste, mais aussi féliciter l’ensemble de cette drôle de chaîne pour avoir fait confiance au Bruxellois Pierre Lecrenier pour l’adapter en dessin et BD. On le connaissait surtout pour Le Belge puis Le Belge du futur, avec Edgar Kosma. On redécouvre ici toute la souplesse et la douceur de son trait, alternant les dialogues serrés et les grandes doubles pages avec beaucoup de maîtrise, et enfin plus d’espace pour l’exprimer.

Le Garçon au visage disparu

de Larry Tremblay et Pierre Lecrenier, éditions Kennes, 96 pages.

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