Le Faux Soir

Les histoires de résistance sont généralement empreintes d’héroïsme, de hauts faits d’armes ou de sacrifices. Il fallait qu’en Belgique ce soit une histoire drôle. En deux mots, quand les autorités de l’occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale se sont emparées du journal Le Soir, certains résistants (d’anciens journalistes et imprimeurs) ont décidé de commémorer la date du 11 novembre 1918 -dont c’était le 25e anniversaire-, en éditant un faux Soir avec de fausses infos humoristiques. La présente bande dessinée en narre les faits. La bonne idée des auteurs est d’alterner les époques: d’une part, l’histoire telle qu’elle s’est déroulée et, d’autre part, l’enquête qu’ils ont menée. Dans celle-ci, les scénaristes en profitent pour contextualiser le récit. Ils nous expliquent qui ont été les journalistes restés à la rédaction du Soir,  » embochés » ou  » volés« , qui sont ceux qui en sont partis, à quoi servait le journal aux autorités et surtout nous rappellent que ce canular est unique dans l’Histoire de la guerre: nul autre pays n’a réussi à faire aussi fort. Cette partie est la plus dynamique du récit. On y voit les auteurs déambuler dans la rédaction actuelle ou au musée de la Résistance. Différents traitements graphiques ont été utilisés entre l’enquête et le récit: simplicité chromatique pour la période contemporaine et réalisme noir et blanc pour la guerre. Cette dernière partie a les défauts de ses qualités: si Christian Durieux a travaillé à partir de photographies, dans un souci d’honnêteté il laisse par moments deviner la photo sous le dessin, ce qui le fige quelque peu. En revanche, les Bruxellois et les historiens prendront leur pied en repérant les différents lieux où s’est déroulée l’affaire.

Le Faux Soir

De Denis Lapière, Daniel Couvreur et Christian Durieux, éditions Futuropolis, 96 pages.

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