Le Dernier Fleuve

Dans Lady Hunt, la romancière et traductrice Hélène Frappat nous emmenait dans un monde inquiétant, entre cauchemar et réalité. Ici, c’est le regard de l’enfant qui prime, trois enfants du  » fleuve qui sait et qui voit » entament une aventure envoûtante à la frontière de la folie. Le tragique voire la mort y côtoient une vie déréglée, faite de rebondissements hallucinatoires. Vive, Mo et Jo n’ont pas de passé et un futur incertain, ce sont des enfants sauvages qui reconstruisent un monde qui court à sa perte. Leur vie est guidée par les rencontres qu’ils feront, émouvantes, intéressantes ou maléfiques. C’est le fleuve, protagoniste du récit, qui les éduque, les défie, leur offre des refuges ou sert de linceul. Quant aux autres personnages, tout aussi énigmatiques, à la limite du probable, ils intriguent: Dina,  » la belle dame », mère de substitution, nourricière et protectrice; la gentille sorcière aux pouvoirs guérisseurs qui fume comme un pompier et est portée sur l’alcool; la famille Gorgone qui s’est exilée dans une grotte et parle une langue codée. Hélène Frappat use d’une écriture onirique pour décrire des paysages aquatiques majeurs, que ce soient les rivières, les lacs ou cette mer inaccessible qui fait rêver les enfants. Le lecteur, lui, est englouti dans ce Dernier Fleuve que l’urgence climatique a abandonné.

d’Hélène Frappat, Éditions Actes Sud, 236 pages.

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