Le Chant du poulet sous vide

Paule, végétarienne, s’est éloignée de la ferme familiale depuis dix ans et vit avec Louis, étranger au monde agricole. Le jour où sa mère décède, la voilà confrontée à sa dernière volonté: tuer le poulet Théodore. La jeune femme se dit que pour que cette mort soit utile, il faut que  » sa chair repose dans plusieurs ventres » et que le volatile soit célébré. Avant de se rendre au marché comme l’ont toujours fait les Rojas, elle écrit donc une biographie de l’oiseau. Bientôt, elle se prend à ce jeu en deux temps: ôter la vie puis rendre hommage. Se faire sa place parmi les locaux n’est par contre pas simple: son ami d’enfance la considère d’un oeil torve et des menaces pèsent sur l’élevage. Aussi, lorsqu’elle est approchée par Fernand, un propriétaire de supermarché qui veut en faire son associée, elle voit là une solution qu’elle espère respectueuse de ses poulets. Mais en industrialisant son entreprise, pourra-t-elle garder ce lien d’affection ambivalent à l’animal avant qu’il ne soit viande? Pour ce premier roman décapant et résolument singulier, Lucie Rico n’hésite pas à affoler le curseur entre cruauté et tendresse, à interroger au tréfonds les arcanes du marketing et notre quête biaisée d’authenticité nourrie au grain.

De Lucie Rico, éditions P.O.L, 272 pages.

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