Ysaline Parisis
Ysaline Parisis Journaliste livres

BOUILLON DE CULTURE – REVUE COQUELUCHE DES BRANCHÉS D’OUTRE-ATLANTIQUE, THE BELIEVER TOMBE L’ARTICLE ANGLAIS ET DÉBARQUE EN VERSION FRANCOPHONES ADMIS. CINQ RAISONS DE S’EN RÉJOUIR.

ÉDITIONS INCULTE, TRADUIT DE L’ANGLAIS, 128 PAGES.

1 Une profession de foi candide

The Believer, c’est la fabuleuse revue lancée en 2003 par les éditions McSweeney’s à San Francisco, dirigées par l’écrivain Dave Eggers, sa compagne Vendela Vida et leur pote Nick Hornby. Un mensuel  » littéraire, artistique, activiste et philosophique » ultra coté, aux 50 000 abonnés aux USA et en Angleterre, doté d’un credo à contre-courant:  » The Believer est un mensuel dans lequel la longueur des articles est sans objet. Il y a des critiques de livres qui n’arrivent pas nécessairement à temps, et qui sont aussi très souvent vraiment longues. Nous accorderons aux gens et à leurs créations le bénéfice du doute. »

2 Des contributeurs de marque

Doté d’un carnet d’adresses affolant, à faire pleurer de rage tout prétendant au journalisme culturel, The Believer a pris pour habitude d’attraper régulièrement dans ses filets, pour des interviews au long cours ou des cartes blanches en toute convivialité, des écrivains -Bret Easton Ellis, Haruki Murakami, Paul Auster ou Jonathan Franzen sont des habitués-, mais aussi des dessinateurs (Daniel Clowes, Chris Ware), des cinéastes (David Cronenberg, David Lynch), des musiciens (Brian Eno, Bob Dylan, David Byrne).

3 Une charte graphique épatante

Un format carré qui épouse les mains mais dépasse largement de la bibliothèque, une couverture en damier vintage que l’on doit au génie portraitiste et typographique de Charles Burns ( Black Hole), une lecture en colonnes d’un grand confort, une bichromie orange et noire qui court tout au long des pages: The Believer a beau débarquer en VF, ses atours restent résolument anglo-saxons.

4 Des repreneurs bien intentionnés

Collectif d’auteurs français qui a muté en revue avant de bifurquer vers l’édition, Inculte rêvait d’acquérir les droits d’importation du Believer américain, les deux titres dessinant dans le paysage contrasté de la revue artistique des univers parallèles, cette même  » volonté de liberté et de croisement entre toutes les formes artistiques« . C’est désormais chose faite. Tous les trois mois, Inculte se promet de traduire et condenser dans ce qui sera simplement « Le » Believer le meilleur des trois numéros en cours du mensuel américain, ainsi qu’une sélection puisée dans ses archives depuis 2003. Autant dire une manne céleste.

5 Un premier numéro décapant

Le premier numéro de cette version francophones admis, d’ores et déjà en librairie, est un vrai festival. Où la romancière anglaise Zadie Smith explique magiquement les dix mouvements qui se succèdent dans l’écriture de ses romans ( » Art est un mot trop noble et trop étranger pour quelque chose qui se fait, la plupart des jours, en pyjama« ), où Damon Albarn et Paul Simonon des Clash confient dans un café nouveaux riches et non fumeurs leur penchant naturel commun pour Charles Dickens, où l’on visite la maison de l’écrivain allemand Thomas Bernhard en Haute-Autriche, ses disques de Glenn Gould, sa Mercedes verte et son obsession des chaussures, où Daniel Clowes confie une connexion spirituelle avec les Peanuts, où le romancier Don DeLillo et le critique rock Greil Marcus s’entretiennent en bons pères de famille sur Bob Dylan en plein festival de cinéma perdu dans le Colorado. Pointu mais décomplexé, déjà (in)culte. l

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YSALINE PARISIS

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