Las Vegas parano

Tourné au crépuscule des années 70, le classique du duo Pollack-Redford dénonçait le pouvoir de l’argent tout en vibrant d’une fibre écologique.

De This Property Is Condemned en 1966, à Havana, 25 ans plus tard, Sydney Pollack et Robert Redford devaient tourner sept films ensemble, au rang desquels diverses pépites: l’insurpassable Jeremiah Johnson, inspiration manifeste du Revenant d’Alejandro Inarritu, l’excellent Three Days of the Condor, ou encore ce Electric Horseman ( Le Cavalier électrique), disponible pour la première fois en Blu-ray dans un master en restituant l’intense beauté. Soit l’histoire de Sonny Steele (Redford), ancien champion du monde de rodéo dont le présent, généreusement imbibé, se décline sous les traits d’un homme-sandwich endossant un habit de lumières tape-à-l’oeil pour faire l’article pour une marque de céréales. Jusqu’au jour où, découvrant que Silver Star, le pur-sang qu’il monte lors de ses shows, a été drogué, il décide de lui rendre sa liberté. Et de fuir Las Vegas, suscitant, ce faisant, l’ire de ses employeurs, déterminés à le ramener à la raison financière, mais aussi l’intérêt d’Hallie Martin (Jane Fonda), une journaliste de télévision n’ayant pas froid aux yeux et pressentant tenir là un sujet en or…

Las Vegas parano

Redford et Fonda, électriques

À l’instar de Jeremiah Johnson sept ans plus tôt, Le Cavalier électrique vibre d’une fibre toute écologique, portrait sensible mais non dénué d’humour d’un héros contestataire engagé dans un combat opiniâtre contre le cynisme de l’industrie et le pouvoir de l’argent. À quoi Pollack adjoint un agenda romantique (le couple Fonda-Redford électrise l’écran, comme le fera la rencontre entre l’acteur et Meryl Streep dans Out of Africa), décliné dans les paysages grandioses de l’Utah, le film s’érigeant encore en ode aux grands espaces et à une nature souveraine. C’est dire aussi si, portée par un souffle lyrique grisant, l’oeuvre, pour être ancrée dans son époque, a plutôt bien résisté au temps. Et n’en finit d’ailleurs pas, par son constat d’ensemble, de résonner avec le présent, la résignation en moins. À (re)découvrir d’urgence, donc.

Las Vegas parano

Fidèle à son habitude, l’éditeur Carlotta propose plusieurs bonus intéressants. Frère du réalisateur, le costumier Bernie Pollack y revient sur la confection de l’inoubliable tenue de Sonny Steele, « un costume criard orné de lumières », mais aussi sur ses collaborations privilégiées avec Robert Redford et Harrison Ford par la suite. Quant au cascadeur Conrad Palmisano, il décortique l’une des scènes les plus fameuses du film, la mémorable course-poursuite entre le cavalier et des voitures de police pour conclure: « C’est ça, réaliser un film: il y a toujours un peu de filouterie… » Voire…

Le Cavalier électrique

Drame De Sydney Pollack. Avec Robert Redford, Jane Fonda, Willie Nelson. 1979. 2h00. Ed. Carlotta. Dist: Coming Soon.

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