Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

LE SEIGNEUR DES AGNEAUX – KURT WAGNER DÉDIE MR. M, LE NOUVEL ALBUM DE LAMBCHOP, À SON POTE DISPARU VIC CHESNUTT. UN DISQUE PLEIN DE CORDES ET DE CHARME.

« MR. M »

DISTRIBUÉ PAR CITY SLANG/KONKURRENT.

Quand Vic Chesnutt a cassé sa pipe il y a 3 ans, le jour de Noël comme pour être sûr de bien lui foutre les boules, Kurt Wagner a décidé de raccrocher un moment. De prendre ses distances avec la musique (il a tout de même sorti Kort, un album enregistré avec Cortney Tidwell) et de retâter du pinceau. Kurt est un peintre qui n’avait pas prémédité de devenir musicien. Et Vic, c’était son vieux pote, son ami de presque toujours. Ce mec qui parlait lors de toutes ses interviews avec des journalistes européens d’un type un peu fou de Nashville et de son petit groupe bizarre quand personne ne connaissait Lambchop. Celui qu’il épaulait à l’époque The Salesman and Bernadette fin des années 90. Celui aussi, il le savait, dont le suicide était une éventualité à laquelle il fallait se préparer. Comprise dans ce package qu’est l’amitié.

Si Mr. M, le 11e album de Lambchop, trouve ses origines dans un studio, c’est donc un studio de peintre. Mark Nevers (Andrew Bird, Will Oldham, Silver Jews) y a approché Wagner avec une viscérale envie de disque et un concept. Un son « psycho Sinatra » truffé d’arrangements de cordes et de sonorités complexes.

Enregistré au Nashville Beech House Studio, la petite merveille de délicatesse est dédiée à Chesnutt. Consacrée à l’inéluctabilité de l’amour et à la guérison. C’est l’album classe, ambitieux, somptueux, d’un mec qui s’est mis à lire les rubriques nécrologiques pour s’assurer que ses amis ne quittaient pas ce bas monde. Ni une récupération commerciale funeste ni un déballage de sa douleur. Non. Juste une prise de conscience. Celle, venue avec l’âge, que les êtres chers s’en vont et qu’on ne peut que l’accepter.

Born to lose…

Mr. M, vous l’aurez compris, ce n’est pas la grande joie. Plutôt une résignation face à l’inévitable. Un apaisement forcé. Une collection de 11 chansons subtilement arrangées. Des paroles de circonstance:  » We were born to lose, Who of us now knows where the time goes… » Et cette voix, quelle voix, réconfortante comme les histoires que nous racontaient nos vieux, gamins, avant de nous mettre au lit.

Kurt Wagner est un peu l’équivalent américain de Neil Hannon. Mais là où The Divine Comedy puise ses racines dans l’histoire de la pop et du folk britannique, Lambchop est intimement lié aux Etats-Unis. Ses songwriters, ses crooners, sa country…

Son nouvel album aurait dû s’intituler Mr Met. Mais comme c’est aussi le nom porté par la mascotte d’une équipe de base-ball new-yorkaise, Kurt a revu ses plans histoire d’éviter toute prise de bec avec la fédération de ce qui reste quand même l’un des sports les plus chiants du monde.

Comme ça semble tout doucement devenir une habitude, le disque se décline en 4 versions différentes. Un digipack standard, un combi CD/DVD (un live de 2010 à Berlin), un double vinyle et une méchante édition Super Deluxe avec en prime des £uvres de Wagner imprimées sur des carrés de 30 centimètres. Ne vous reste plus qu’à choisir…

LE 09/03 AU BOTANIQUE.

JULIEN BROQUET

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