La Victime

C’est une petite perle qu’exhume Elephant Film avec Victim, thriller social dans lequel Basil Dearden s’attaquait, en 1961, à la loi inepte condamnant l’homosexualité en Grande-Bretagne (la dépénalisation interviendra en 1967). Avocat promis à une belle carrière, Melville Farr (Dirk Bogarde) va mettre sa réputation et sa vie de famille en danger afin de confondre les maîtres-chanteurs ayant poussé « Boy » Barrett (Peter McEnery), son ancien amant, au suicide. Le sujet est délicat, Dearden l’aborde avec un classicisme inspiré, le récit, rondement mené, oscillant entre enquête policière et étude de société. On pense forcément au cinéma d’un Joseph Losey, parenté que souligne la présence de Dirk Bogarde, excellent, que l’on retrouve par ailleurs en bonus le temps d’une conversation. Une découverte. Le même éditeur propose, dans la foulée, deux autres thrillers. Il est encore question de chantage dans Meurtre sans faire-part ( Portrait in Black, 1960), de Michael Gordon, une oeuvre se situant au confluent du mélodrame et du film noir, sur les traces d’un couple d’amants (Lana Turner et Anthony Quinn) qui, s’étant débarrassé d’un mari aussi cruel qu’encombrant, va se trouver aspiré dans un engrenage criminel. La mécanique est classique, le film, dans ses meilleurs moments, n’est pas sans évoquer le cinéma d’un Douglas Sirk et son jeu sur les apparences. Enfin, Tuer n’est pas jouer ( I Saw What You Did, William Castle, 1965) est assurément plus anecdotique, qui laisse, pour résultat d’une blague téléphonique, deux adolescentes à la merci d’un tueur campé par John Ireland. L’intrigue est abracadabrante, Castle la truffe de rebondissements et de tours à sa façon, et notamment un hommage appuyé au Psycho de Hitchcock. Distrayant.

La Victime

Thriller De Basil Dearden. Avec Dirk Bogarde, Sylvia Syms, Peter McEnery. 1 h 30. 1961. Dist: Elephant.

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La Victime
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