La vérité sort de la bouche du cheval

Dès les premières pages, on est scotché par Casablanca, personnage à part entière du récit, ses ruelles paupérisées et ses tractations douteuses. Y vit l’héroïne Jmiaa, prostituée toute en rondeurs, le verbe haut et le tempérament explosif. Autour d’elle gravite une foultitude de personnages hauts en couleur: Chaïba, un bellâtre imbécile, gras et vil suborneur; Halima, la désenchantée qui entre en prostitution comme on entre en charité ou encore Samira, l’amie de toutes les infortunes et de tous les succès. Et puis, il y a Mouy, la mère charismatique qui élève la fille de Jmiaa. La vie est difficile, les filles sont souvent droguées, alcoolisées mais être prostituée reste un statut reconnu pour survivre dans cette jungle urbaine. Le regard critique de Jmiaa en fait un personnage magnifique, et quand elle croise le chemin de Chadlia, dite Bouche de Cheval, réalisatrice hollandaise qui va lui offrir un rôle sur mesure dans son premier film, elle ne perdra rien de sa gouaille truculente. Elle profitera tout simplement de ce que lui offre l’Occident si prompt au gaspillage… Fille de l’écrivain et homme politique Driss Alaoui Mdaghri, Meryem Alaoui assure la relève avec la peinture réaliste d’un quartier populaire et la création d’un vrai personnage littéraire qui marque les esprits. Un premier roman décapant, tonique et cru, qui fait du bien.

de Meryem Alaoui, Éditions Gallimard, 252 pages.

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