Trois ans après le départ de Geike Arnaert, Hooverphonic revient avec une nouvelle chanteuse. Quitte ou double, pour un changement de voix. Pas de voie…

Une affaire rondement menée. Le 29 octobre dernier, la quasi totalité des radios belges, de Pure FM à NRJ, diffusait à la même heure The Night Before, le nouveau single de Hooverphonic. De quoi se ménager un retour en fanfare. Il faut dire que l’enjeu est de taille. Groupe à dimension internationale, Hooverphonic revient 3 ans après un dernier album studio, The President of the LSD Golf Club, dont les expérimentations n’ont pas vraiment trouvé leur public. Surtout, la formation a dû faire face au départ de sa chanteuse, Geike Arnaert, présente depuis le deuxième album, partie désormais s’essayer à une carrière solo. Alex Callier, encore et toujours le principal maître d’£uvre d’Hooverphonic: « On n’a jamais été fâché, on continue à se parler. Et je peux comprendre les raisons de son départ, même si cela a fait un choc sur le moment. Il a fallu se dire que ce n’était pas à cause de cela qu’il n’y avait plus moyen de faire de bons disques. Vous savez, Geike chantait. Elle n’écrivait pas, ne composait pas, ne produisait pas… Désolé, mais c’est la réalité. »

Sans filet

Changer de chanteur pour un groupe n’en reste pas moins une man£uvre périlleuse . « Cela fait un petit temps qu’on est là. On a eu le temps de voir par exemple des groupes comme Morcheeba se planter. On sait très bien à quel point ce genre de figure imposée est compliqué. « « Les seuls qui ont vraiment réussi, c’est AC/DC », dixit Raymond Geerts, comparse de toujours de Callier. Dans pareil cas, 2 solutions sont donc possibles: soit faire le gros dos et passer en douce, soit au contraire communiquer un maximum sur le changement. Hooverphonic a clairement choisi la seconde option. Teaser sur le Web, annonce dans le Laatste Show -plus gros talk-show de la télé flamande-, pour finir avec la pochette. Voici donc The Night Before, 7e album d’Hooverphonic, le premier avec Noemie Wolfs, remplaçante désignée d’Arnaert.

La nouvelle venue a du chien, pas mal de charme et le pétillant de ses 22 ans. Née du côté de Scherpenheuvel, elle a terminé ses études de graphisme en septembre dernier. Il y a un an, elle postulait pour la place de chanteuse sans autre background que les airs chantés sous la douche, et 2, 3 accords de guitare appris sur le pouce. « Je n’étais pas une fan absolue d’Hooverphonic, loin de là, mais j’ai toujours voulu chanter. Quand mon père a vu l’annonce sur le site du groupe, il m’a poussée à participer aux sélections. «  Sans expérience? « Aucune. Je suis une absolute beginner.  » « Un talent naturel », s’empresse de préciser Alex Callier, qui, fin gourmet, continue: « C’est comme en cuisine. Vous pouvez apprendre des techniques, mais au bout du compte l’important est d’avoir un bon palais et du goût. C’est un talent. Noemie a du talent. Pour chanter, être sur scène… On l’a un peu préparée: elle prend par exemple des cours pour apprendre à respirer et ne pas trop user ses cordes vocales, histoire de pouvoir tenir 2 heures de concert, 5 jours d’affilée. Elle a aussi suivi un cours de media training. Mais après une séance, tout était déjà en place. »

Génération iTunes

Sur The Night Before, Noemie Wolfs enfile en effet assez aisément le costume, avec un timbre finalement assez proche de celui de Geike Arnaert, en plus bluesy peut-être, plus « brune ». N’empêche: du haut de ses 22 ans, faisant partie d’une génération qui n’a foncièrement plus la même approche de la musique qu’en 1996, année où sortait A New Stereophonic Sound Spectacular, la donzelle s’est-elle adaptée sans problème à la pop adulte d’Hooverphonic? Callier:  » Mais nous aussi, nous avons évolué! Il ne faut pas se voiler la face: on vit dans une époque « iTunes ». Ce qui veut dire que l’on doit faire un album oùchaque morceau est catchy. C’était un des points de départ du disque. Ce qui ne veut pas dire qu’il fallait livrer un produit jetable, de grande consommation. Il faut que dans 10 ans il tienne encore la route. Et c’est là que cela devient plus compliqué. Des machins genre Barabara Streisand , c’est bon, on en entend assez… Je ne dis pas: cela a toujours existé. Mais ce n’est pas ce que nous voulons faire. On veut être T-Rex, qui écrit Children of the Revolution : c’est accrocheur mais cela reste, cela vous touche. On voulait s’approcher de ça. »

Du coup, The Night Before est en effet du Hooverphonic pur jus, mélangeant ambiances à la John Barry, feeling pop sixties, et traitement moderne. Comme si le changement de voix avait amené le groupe à se recroqueviller sur ses bases, conscient que le nouveau casting était déjà assez déstabilisant comme cela. « A un moment, vous vous dites en effet que l’arrivée d’une nouvelle chanteuse est déjà un défi en soi.. . Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Serge Simonart (journaliste-vedette flamand, ndlr) m’a un jour dit: « on peut dire ce qu’on veut, mais il suffit d’entendre 10 secondes d’Hooverphonic et je sais à qui j’ai à faire. Ce qui n’est pas si courant pour un groupe belge. » Avoir une identité est important. Si l’on ne compte pas The President of the LSD Golf Club , qui était différent, plus sombre, cela fait 5 ans en gros que l’on n’avait pas amené ce son. Sans que personne n’ait d’ailleurs pris le relais. Il était donc peut-être temps. » l

Hooverphonic, The Night Before, Sony.

En concert les 29 (complet) et 30 janvier, à l’ Ancienne

Belgique, Bruxelles.

Entretien Laurent Hoebrechts

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content