La touche Animalsons

Clément "Animalsons" Dumoulin

L’homme est connu pour cultiver une certaine discrétion. Ou en tout cas pour ne pas être tout le temps évident à joindre. « Normalement, le dimanche est mon day off, explique Clément « Animalsons » Dumoulin, je ne sors pas de chez moi. Mais ce jour-là, j’avais les premières répétitions de la tournée de Benjamin Biolay. Sur le chemin, je me suis arrêté pour prendre un café. C’est là que j’ai croisé des potes, complètement par hasard. Avec eux, il y avait ce type, qui me dit: « Tu tombes bien, je te cherchais. »«  Le « type », c’est Sourire, qui s’occupe de la production de Tueurs, parti à la recherche du producteur parisien pour lui proposer de s’attaquer à sa bande-son. Le long métrage a ceci de particulier: si la bande-originale créée par les rappeurs complète le film, elle n’accompagne pas directement ses images. Pour cela, l’équipe a donc fait appel à Clément Dumoulin, producteur parisien hip-hop, aux multiples succès.

Né en 1977, l’homme de l’ombre a grandi dans la banlieue de Créteil. L’ennui y est roi, raconte-t-il. Mais à 14 ans, un pote l’amène à un concert de ragga-dancehall. C’est l’électrochoc. « Les codes étaient tellement différents. La musique était hyperdigitale, remplie d’effets spéciaux démentiels. » Ça, et la vision des acrobaties spectaculaires du DJ Crazy B derrière ses platines, et le destin du banlieusard va basculer. « J’ai commencé à vouloir faire pareil. » à plusieurs, ils s’achètent un ordinateur, commencent à composer. Jusqu’au jour où ses productions arrivent dans les mains de… Booba.

De Booba à Biolay

« Il venait de sortir de prison et préparait l’album de Lunatic. Je lui amené une cassette pour qu’il écoute. Deux jours plus tard, j’étais en studio! Le disque est devenu le premier disque d’or rap sorti en indé. Cela m’a encouragé. » à partir de là, sous la bannière partagée d’Animalsons, Clément Dumoulin va devenir un collaborateur régulier du Duc de Boulogne, enchaînant les tubes (Numéro 10, Boulbi, Garde la pêche, etc.)… « Aujourd’hui encore, je trouve cela improbable. Mon disque dur est rempli de productions qui ne sortiront même jamais. »

Aujourd’hui, Clément Dumoulin a toujours le nez dans le hip-hop. Mais il a réussi à étendre sa palette, en se retrouvant notamment au générique de La Superbe, album multi-récompensé de Benjamin Biolay, « un mec qui a une culture musicale très pointue, en rap notamment ». L’an dernier, il a également composé la musique du film Tour de France (de Rachid Djaïdani, avec notamment Gérard Depardieu). Désormais, il peut ajouter celle de Tueurs à son CV. « Quand on m’a fait lire le scénario, j’ai adoré. J’entendais déjà la musique. En rencontrant les deux réalisateurs, on s’est d’ailleurs tout de suite entendus: sur l’esthétique, la couleur, les intentions… » Notamment sur l’idée de proposer une BO « qui ne tombe ni dans le film d’auteur avec des compos très abstraites, ni dans le polar avec une musique « américaine » trop présente. » Il conclut ainsi: « Au fil du montage, on a bossé dur pour que la musique participe à la narration, sans jamais l’écraser. » Mission accomplie.

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