La Terre des fils

de Gipi, éditions Futuropolis, Traduit de l’italien, 288 pages.

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C’est un pays, un monde, dévasté et hanté par quelques survivants, presque redevenus des animaux. Un monde recouvert d’eau, elle-même remplie de cadavres. « La terre des fils« , là où un père tente de survivre avec ses deux grands enfants. Des enfants qui ne savent pas lire, qui perdent même le langage, et qui ne connaissent pas la tendresse: le père l’a bannie de leur existence, seule manière qu’il ait trouvé, pense-t-il, pour les rendre invincibles dans ce monde où règnent la violence et le « struggle for life », quel qu’en soit le prix. À sa mort, les fils n’auront qu’une seule idée en tête: déchiffrer le carnet que leur père griffonnait tous les soirs. Et comprendre si l’amour a encore sa place dans ce monde, ou mieux, s’il n’y a finalement plus que lui lorsqu’il ne reste rien… Presque 300 pages en noir et blanc, d’une rare violence dans l’univers de Gipi, pour justifier et donner toute sa force à une et une seule image -une caresse sur une joue. Le maestro italien s’est imposé une nouvelle écriture, sans couleur ni voix off, pour mieux se réinventer en bande dessinée. Le résultat est à la fois superbe, angoissant, émouvant et profond: une oeuvre très ambitieuse, roman graphique d’anticipation, réflexion sur le langage, ode à l’amour… D’évidence, un des grands livres de cette année.

O.V.V.

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