La Tannerie

Jeanne commence à travailler dans une ancienne usine de Pantin transformée en un centre culturel nommé La Tannerie. C’est branché, réjouissant, on y expose le dernier artiste syrien à la mode, et parmi ses collègues, il y a le beau Julien… Jeanne est bretonne, c’est donc plutôt latéralement qu’elle se déplace sur la carte de France mais, oui, on pense rapidement à ces romans d’apprentissage où un jeune héros idéaliste « monte » à Paris, façon L’Éducation sentimentale. Le style y est semblable. Celia Levi confesse d’ailleurs n’avoir longtemps lu que les grands auteurs réalistes du XIXe. Jeanne est rapidement séduite par le mode de vie parisien, et se laisse leurrer par les constantes promesses de la direction. Mais les désillusions, comme ses CDD, se multiplient. La rébellion souffle soudain sur la France de 2016. Jeanne et ses collègues se prennent à rêver à un monde meilleur lorsque s’éveille le mouvement Nuit Debout. Quelques manifs (ici particulièrement impressionnantes et réalistes) plus tard, le soufflé retombe (et les contrats cessent de se renouveler). Et Julien alors? Un cuistre accompli particulièrement détestable, parmi les personnages les plus délicieusement énervants de cette rentrée littéraire. Là encore, décidément, on ne pressent pour Jeanne guère mieux qu’un stage (non rémunéré)… Plus que d’un milieu, c’est bien d’une génération et de son époque dont l’autrice saisit les affres dans ce roman  » qui n’est pas sympa avec le monde de la culture« . La Tannerie, le lieu, n’existe pas (on a cherché), mais Celia Levi, puisque c’est la saison, mérite bien (au moins) un prix.

De Celia Levi, éditions Tristram, 376 pages.

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