Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

JOHN CONNOLLY, LE PLUS AMÉRICAIN DES AUTEURS IRLANDAIS, CONFIRME L’ORIGINALITÉ DE SES POLARS « HARD BOILED », QU’IL BAIGNE DE FANTASTIQUE.

Le Chant des dunes

DE JOHN CONNOLLY, ÉDITIONS PRESSES DE LA CITÉ, TRADUIT DE L’ANGLAIS (IRLANDE) PAR JACQUES MARTINACHE, 496 PAGES.

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Comme souvent dans les romans policiers sériels, et presque comme toujours dans les polars de John Connolly, le personnage principal avait achevé sa précédente intrigue (Sous l’emprise des ombres) en très fâcheuse posture: Charlie Parker, son détective privé récurrent, y était grièvement blessé. Logique donc qu’on le retrouve ici, dans Le Chant des dunes, en pleine convalescence, dans un village tranquille du Maine. Une tranquillité qui ne pouvait évidemment pas durer: un étrange suicide, suivi par le massacre d’une famille entière, va obliger notre dur à cuire à revenir aux affaires et à se plonger dans la chasse aux derniers nazis encore vivants et réfugiés outre-Atlantique. Rien que du très classique si Charlie Parker ne dialoguait pas en permanence avec le fantôme de sa fille assassinée. Fantôme qui jouera ici un rôle très concret et qui fait une nouvelle fois l’intérêt et le caractère inédit de ses romans. « Mais je ne me sens pas particulièrement original à mêler ainsi le réalisme et l’irrationnel: notre expérience du monde est exactement comme ça! Il y a toujours de l’étrange dans la vie réelle. J’ai intégré cet élément petit à petit dans les romans de Charlie Parker. On l’accepte parce que Parker l’accepte. La seule chose qui compte, dans un roman, c’est la logique interne. »

Irish or not

Rencontré au dernier festival Quais du Polar à Lyon, John Connolly ne ressemble évidemment pas à ses romans, souvent très violents, ni à son héros taciturne et rempli de colère: l’écrivain irlandais s’avère charmant et simplement heureux du succès que ses livres rencontrent. Des polars qu’il fait évoluer à chaque épisode: « Je voulais que celui-ci soit un peu moins violent que les précédents, et le sujet de la chasse aux nazis m’intéresse depuis toujours. Or je savais que je ne pouvais plus attendre des années avant de l’écrire: les protagonistes de cette période, même de fiction, auront bientôt tous disparus. » Quant à savoir pourquoi cet Irlandais place systématiquement ses intrigues aux USA, la réponse fuse, limpide elle aussi: « Parce que je ne voulais pas être considéré comme un auteur irlandais, avec tous les clichés qui accompagnent ce statut: la réalité irlandaise, je la connais bien, j’ai grandi et je vis toujours en partie à Dublin, je voulais justement m’en échapper. Et puis c’est passionnant de mettre une sensibilité européenne dans des structures romanesques et narratives typiquement américaines. Dans les librairies de mon pays, on me classe toujours dans la section « Irlande ». Je préfèrerais être rangé en « Policiers »: je me considère comme un écrivain originaire d’Irlande davantage que comme un écrivain irlandais. »

OLIVIER VAN VAERENBERGH

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