La Pensée écologique

En 2015, le MoMA présenta une exposition sur l’oeuvre de Björk. Parmi les pièces exposées, il y en avait une très récente: l’échange de correspondance par lequel la chanteuse avait invité le penseur américain Timothy Morton à discuter avec elle d’écologie, de nature et de ce que c’est qu’un monde à l’âge de l’Anthropocène. Dans son premier message, elle lui expliqua qu’elle lisait ses livres depuis longtemps et qu’elle les appréciait beaucoup. Cela tombait bien, car lui aimait aussi la musique de Björk. Quel rapport avec la traduction française, près de dix ans après sa première publication en anglais, d’un des chefs-d’oeuvre de Morton, La Pensée écologique? Ceci: qui si les travaux de celui-ci sont parvenues aux oreilles d’une des stars les plus isolées de la planète, il n’y a pas de raison qu’il n’en aille pas de même avec toute personne un tant soit peu intéressée par ce qui est en train de se tramer sur le vaisseau Terre. Car, au contraire de nombreuses Cassandre annonciatrices de désastre et d’effondrement comme de tous ceux qui prétendent que les choses vont bien se passer, Morton fait partie de ceux qui pensent la condition écologique du présent. C’est-à-dire qui ne se laissent pas aller aux délices de l’effroi comme à la jouissance des perspectives ouvertes par les technologies de terraformation -mais préfèrent s’interroger sur ce que ladite condition nous dit de ce que le monde a toujours été, et nous aussi par la même occasion. Or s’il y a une chose que nous n’avons jamais été, ce sont les occupants d’un espace de la culture qui se distinguerait de celui de la nature, dès lors que l’une n’est qu’un point de vue sur l’autre. De même qu’il n’y a pas de « nature humaine », mais les agencements plus ou moins branlants que nous construisons avec ce qui nous entoure, il n’y a pas de « Terre » avec laquelle il faudrait nous réconcilier -mais un monde, entièrement fabriqué, et qu’il s’agit de reconstruire autrement. Adieu l’écologie; place à la logistique.

La Pensée écologique

De Timothy Morton, éditions Zulma, traduit de l’anglais par Cécile Wajsbrot,

272 pages.

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