Là où les chiens aboient par la queue

Au mitan des années 40, Antoine, Lucinde et Petit Frère ont un arbre généalogique de chaque côté de la barrière sociétale: Hilaire, leur père, est un Ezechiel du cru, élevé dans un quartier sans guère d’avenir. Eulalie, leur mère est une béké, Blanche descendante des Lebecq, une famille de Bretons arrivés en Guadeloupe sans un sou mais désormais prospères et qui s’aventurent peu en dehors des Grands Fonds. Les rejetons de cette union étonnante tentent de traverser l’enfance après le décès de leur mère courage. L’aînée, avec ses rêves de commerce et ses conversations avec anges et esprits. Lucinde, en toisant sa famille de haut. Le benjamin, en restant l’enfant raisonnable en quête d’une photo perdue. Dans ce premier roman attachant et vif, Estelle-Sarah Bulle entortille les points de vue parfois divergents de cette fratrie qui se déchire et se rabiboche. Tout laisse à penser qu’au moins l’un d’entre eux, lorsqu’il déroule sa vie pour cette nièce curieuse de ses racines d’outre-mer, transfigure son sort pour le parer de couleurs plus vibrantes. Entre Morne-Galant, Pointe-à-Pitre et les confins de la banlieue parisienne, chacun tente de s’accommoder avec tempérament de cette identité créole, métissée et morcelée, mais tous laissent sourdre un besoin criant d’indépendance et de réalisation.

D’Estelle-Sarah Bulle, éditions Liana Levi, 288 pages.

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